Invitée hier par l'unité de psychologie du CHUC et l'association des psychologues de la wilaya de Constantine, pour animer une conférence-débat intitulée « Le vécu du traumatisme psychologique chez l'enfant victime d'une agression sexuelle et la personnalité pathologique de l'agresseur », le Dr Fatima-Zohra Madoui, maître-assistante et praticienne à l'établissement psychiatrique de Oued Athménia a souligné que « pour entamer une prévention contre les agressions sexuelles, dont sont victimes les mineurs, il faut commencer d'abord par en parler et briser le mur du silence qui s'installe au sein des familles victimes, surtout que le phénomène prend, depuis quelques années, des allures alarmantes ». L'intervenante a tenté de cerner les traits marquants d'un agresseur pédophile, et confirmera que « même s'il demeure difficile de dresser un profil de ce genre de personnes, les hypothèses émises à l'issue de plusieurs expertises décrivent des types qui ont été eux-mêmes abusées durant leur enfance, ou qui souffrent d'un déséquilibre sexuel et d'un déficit affectif et qui présentent dans 80 % des cas des signes psychotiques ». Elle ajoutera que l'emprisonnement n'est pas le meilleur remède face à ce genre de situation, car l'agresseur a besoin d'une sérieuse prise en charge psychologique pour éviter la récidive. Par ailleurs, on notera lors des débats que la prise en charge des victimes, notamment les enfants en bas âge, demeure encore une affaire complexe. Plusieurs cas ont été signalés au sein des familles, où l'agresseur n'était autre que le père ou un proche parent. « Parler de l'inceste reste un tabou difficile à briser, mais on commence à recevoir des parents qui demandent une prise en charge psychologique plusieurs années après », a rappelé l'intervenante avant d'ajouter que « faire parler un enfant est une tâche délicate, car la révélation doit obéir à plusieurs démarches ». Il faut dire que le cas du petit Yasser d'El Khroub a été un véritable déclic, déclenchant un débat à grande échelle, où il est question aussi de l'implication des médias, des associations et des institutions de l'Etat, surtout que la violence, la cybercriminalité, la hausse de la toxicomanie, l'insécurité, mais aussi le sentiment que les délinquants sexuels bénéficient de l'impunité, sont autant de facteurs qui risquent de désintégrer la société.