Il y a quelque chose de pourri dans la République algérienne, comme dirait William Shakespeare, dans Hamlet. Au regard des chiffres communiqués, hier, par la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) et les services des douanes, lors d'une rencontre sur “les atteintes à l'économie nationale et aux moyens mis en œuvre pour réduire les effets”, organisée par le Forum du quotidien El Moudjahid, les affaires de délinquance économique et financière ainsi que l'importation d'articles contrefaits ont pris l'allure d'une déferlante occasionnant un énorme préjudice à l'économique algérienne. 3 000 affaires économiques et financières ont été traitées par la DGSN en 2007, annonce-t-on. Le préjudice est estimé à 7 milliards de dinars. “Les détournements au niveau des banques et d'Algérie Poste ont été évalués à 3 milliards de dinars”, précise le représentant de la DGSN. Des chiffres horrifiants qui renseignent, à plus d'un titre, sur les proportions alarmantes que prend la criminalité dans notre pays. En dépit du renforcement du dispositif sécuritaire mis en place par les pouvoirs publics et la modernisation qu'a connu, ces dernières années, la Police nationale, la délinquance économique et financière semble prendre de l'ampleur de l'avis même de ceux chargés de la combattre, qui pointent du doigt l'insuffisance de contrôle. Au niveau de la douane même constat amer. “Quelque 1,5 million de produits d'articles contrefaits par les services des douanes en 2007”, soulignent des douaniers. Ces saisies, qui ne représentent généralement qu'une infime partie des flux de marchandises contrefaites qui ont réussi à pénétrer dans le pays, donnent une idée de l'ampleur de ce fléau qui gangrène l'économie algérienne. Les Douanes algériennes tentent de faire face à ce fléau. Une lutte qu'elles livrent au quotidien, mais qu'elles ne peuvent à l'évidence mener efficacement seules. La chasse aux contrefacteurs implique, en effet, l'intervention de nombreux acteurs, parmi lesquels les services de sécurité, diverses administrations. C'est que les articles contrefaits trouvant généralement débouchés dans les marchés informels. Du coup, la lutte contre la contrefaçon devrait être inséparable de celle qui doit être menée contre le marché parallèle et qui lui sert de support et quelquefois même de prolongement. Les douanes ont procédé récemment à la signature de conventions de coopération avec des sociétés nationales et internationales afin de faire face de manière organisée à ce phénomène. La contrebande a augmenté aussi, selon les services des douanes. Alors qu'en 2004, elle ne représentait que 25,69% des infrastructures constatées. En 2006, elle a atteint 29,10%. Le manque à gagner pour le Trésor public se chiffre, environ, à 30 milliards de dinars soulignent les représentants des douanes. M. R.