Plus d'un million d'articles contrefaits ont été saisis durant l'année 2007. L'étau se resserre sur les barons de la contrebande et de la contrefaçon et autres phénomènes. L'économie nationale est aujourd'hui victime de «ses propres enfants.» Si la donne a changé, les répercussions, aussi néfastes, soient-elles, demeurent les mêmes. Agents non gradés et cadres d'une grande responsabilité exerçant dans différents domaines se sont cru, les exemples ne manquent pas, vulnérables en détournant des sommes astronomiques à des fins personnelles. Accusés dans des affaires de dilapidation et détournement de deniers publics, ces fonctionnaires se trouvent derrière les barreaux. D'autres ont réussi à tromper la vigilance du corps sécuritaire. «En dépit du système de contrôle mis en place, ces employés parviennent à franchir la barre», a-t-on expliqué. Intervenant hier au forum d'El Moudjahid, des représentants des différents corps concernés ont permis à l'assistance de découvrir certaines vérités, méconnues, jusque- là. Chiffres à l'appui, M.Mostfaoui, commissaire au niveau de la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), a précisé qu'en 2007, pas moins de 3000 affaires ont été relevées au niveau des banques et des agences postales. Celles-ci deviennent malheureusement un terrain propice pour ce genre de pratiques prohibées. Conséquence immédiate? Les caisses de l'Etat sont vidées. Et l'économie nationale en prend un sacré coup. Les pertes sont estimées à quelque 3 milliards de dinars. La corruption et l'esprit d'«affairisme», ont favorisé la prolifération de ces pratiques quotidiennes. Intervenant dans la même optique, Mme Fadéla Ghoudbane, commissaire divisionnaire en douanes, a précisé que les quantités d'articles saisis sont en nette recrudescence, en dépit des efforts déployés. «Plus d'un million d'articles contrefaits ont été saisis durant l'année 2007», a-t-elle souligné. Et de préciser que «les entreprises détentrices de la marque originale sont furieuses devant ce genre de trafic qui risque de mettre en conflit plusieurs pays.» Il n'y a rien d'étonnant à ce que la contrefaçon qui gangrène pratiquement tous les secteurs commerciaux, ne s'étende récemment à celui des médicaments et à d'autres produits pharmaceutiques. S'agissant de la contrebande, l'oratrice a laissé entendre qu'elle concerne, notamment la vente des cigarettes, des produits alimentaires et du cheptel. Devant l'explosion sociale que vit notre pays, les contrebandiers ont recours à ces pratiques facilitant le «gain facile.» En termes de chiffres, M.Hamdi Abderrahmane, inspecteur principal chargé des études du contentieux à la direction générale des Douanes, a précisé, qu'en 2006, la contrebande a représenté 29,10% du taux global des infractions qui portent atteinte à l'économie nationale. Comparativement aux années précédentes, ce chiffre va crescendo. En 2005, il était de l'ordre de 28,44%. Les wilayas les plus touchées sont Tlemcen, Sétif et Annaba. Les saisies de drogue enregistrées par les Douanes ont démontré combien est préoccupante la situation en Algérie. Uniquement pour les deux premiers mois de l'année en cours, 990 kilos de kif traité ont été saisis. Interrogé sur les contrebandiers qui financent des réseaux de terrorisme, le représentant de la Dgsn, n'a pas été avec le dos de la cuillère pour affirmer. «L'équation est simple. Pour travailler en toute sérénité, les contrebandiers financent les terroristes afin que ces derniers s'attaquent aux services de sécurité.» Un aveu de taille. Encore une fois, le corps sécuritaire est mis à rude épreuve.