Se référant à un rapport de la Banque mondiale, l'Association nationale pour la protection de l'environnement et de lutte contre la pollution (ANPEP) note que la pollution de l'eau en Algérie a atteint un seuil alarmant. En l'absence d'investissements probants dans l'acquisition et la mise en place de stations d'épuration et le traitement des eaux, à l'exception d'Alger, Annaba, Béjaïa et El Kala qui traitent partiellement leurs eaux, 25 villes côtières importantes déversent leurs eaux polluées en mer. Le même rapport indique que les opérations de déballastage de 22 000 tonnes de pétrole (12 000 t déversées) où de chargement (10 000 t) dans les ports, les émissions industrielles et la dégradation continue des ressources en eaux sont d'autres facteurs majeurs de pollution. « Les populations implantées autour des complexes industriels sont les plus touchées par la pollution. Nous citerons le cas de Annaba et le problème de pollution que pose le complexe des engrais azotes et phosphates Asmidal. La mise en place d'un système de dépollution, qui a nécessité 75 millions de dollars sous forme de prêt consenti par la Banque mondiale, a permis de réduire le taux de pollution », a indiqué M. Halimi, le président de l'ANPEP. Des statistiques ont été avancées par la Banque mondiale sur le nombre de personnes atteintes d'asthme ou de troubles respiratoires dans la wilaya de Annaba. De 20 000 personnes recensées au début des années 1990, ce nombre a pratiquement doublé à partir de 2000. Le président de l'ANPEP a affirmé que ces chiffres sont très loin de la réalité. Selon lui, en 1998 ils étaient 18 000 asthmatiques, dont 6000 seulement suivis par les services de la direction de la santé et de la population. Arzew avec son complexe d'engrais azotes, méthanol et résine (matières plastiques), et Ghazaouet avec son complexe électrolyse de zinc, figurent en tête de liste des régions du pays les plus touchées par la pollution industrielle avec des émissions dont l'impact sur la santé des populations est très important. M. Halimi a précisé que dans ces régions, ces émissions dépassent 10 fois les normes fixées et tolérées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Armée de ces données, l'ANPEP compte donner officiellement l'alerte lors des journées d'études qu'elle envisage d'organiser incessamment à Annaba et auxquelles seront conviées toutes les entreprises génératrices de pollution industrielle. Pour l'ANPEP, l'heure n'est plus à la sensibilisation des uns et des autres sur la nécessité d'une meilleure protection de l'environnement. Pour les membres de cette association, chaque responsable sera mis face à ses responsabilités. L'attention de ces derniers sera attirée sur la gravité des conséquences sur la santé et la qualité de vie des populations, la productivité, la durabilité des ressources naturelles et les acquis économiques et sociaux enregistrés par ces entreprises. Dans son programme d'interventions, l'ANPEP a fait appel à des experts en pollution industrielle et à des universitaires. Sur la base de différentes expériences et études sur la question environnementale, tous axeront leur communication sur la symbiose aspect environnement-activités économiques et sur l'exemple des entreprises des pays industrialisés qui, annuellement, accordent en moyenne de 1,1 à 2% de leur chiffre d'affaires et souvent 25 % de leurs revenus nets aux dépenses environnementales. Que représente le marché algérien dans les 300 milliards de dollars/an à travers le monde en équipements et services de protection de l'environnement prévu pour atteindre le double à partir de 2005 ? Selon les membres de l'ANPEP, l'Algérie représente dans ce domaine une goutte dans un océan. D'où, la réaction du ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire de prendre sérieusement en charge ce dossier et de s'engager dans un vaste programme d'investissement de développement écologique durable. Un programme qui s'est concrétisé avec la mise en place d'un cadre législatif et institutionnel, d'applications d'actions prioritaires et de mises en œuvre de mesures d'appui. Selon l'ANPEP, toutes ces actions à court et moyen termes étalées sur trois années, sont estimées à prés de 1 milliard de dollars dont 50 millions consacrés à des activités institutionnelles et 920 millions à l'investissement. Ce qui correspond à 0,7 % du PIB de 1998 et permettra de réduire une partie des coûts de dégradation de l'environnement, aujourd'hui, estimés à 5% du PIB.