Le bilan du programme « habitat rural », présenté lors du dernier conseil de wilaya à Tizi Ouzou, a tenu toutes ses promesses de retard abyssal. A un an de la fin du programme quinquennal 2005-2009, le taux de réalisation est de 18,6 %. Le nombre des « 3es tranches » débloquées au profit des bénéficiaires est de 3 736, sur un quota total de 20 050 subventions affectées à la wilaya de Tizi Ouzou. Moins d'un bénéficiaire sur 5 est supposé habiter sa maison, après avoir perçu la troisième tranche de l'aide publique qui s'élève à 50 millions de centimes. 57 % des bénéficiaires ont reçu seulement la première tranche de la subvention, destinée à payer la plate-forme de leur construction, un préalable fixé par l'administration pour prétendre à l'aide publique. Le taux d'affectation des « 2es tranches » est de 37 %. Les autorités de wilaya instruisent régulièrement les chefs de daïra pour accélérer les procédures. Ces derniers tiennent réunion à leur tour avec les élus locaux, leur demandant d'assainir les listes et de remplacer les retardataires par de nouveaux postulants. Les élus hésitent à « assainir » les listes, ne sachant pas où se situe le goulot d'étrangement. Le discours général expliquant ces retards accable les postulants qui n'arrivent pas à « s'accrocher » à ce programme, ne lancent pas les travaux avec leurs propres moyens et mettent des mois à compléter leurs dossiers. Il convient pourtant de prendre la défense, pour une fois, de ces simples citoyens qui n'ont aucune raison de rejeter la subvention de l'administration provenant de l'argent public. L'on se trouve, en vérité, dans une wilaya qui peut rafler facilement la première place sur le podium de la bureaucratie au niveau national. Quiconque dépose un dossier dans une administration communale, de daïra ou de wilaya sait qu'il s'engage dans un processus qui va le stresser, l'humilier, le faire renoncer à son projet, le faire douter de la volonté réelle des autorités à aider les contribuables. Les dossiers dorment dans les tiroirs pendant des mois dans ces fameux « services déconcentrés de l'Etat » alors qu'il s'agit simplement de les transmettre à une autre administration. Déposer un dossier de permis de construire, de changement d'intitulé, de certificat de possession, de morcellement de terrain, et demander si les documents sont enfin signés, devient presque une provocation pour une faune bureaucratique qui réussit à mettre en échec des programmes gouvernementaux ambitieux.