CML, cette filiale qui a suscité beaucoup d'espoir pour les travailleurs, est sur le point de mettre la clé sous le paillasson du fait de la menace de retrait du partenaire Aigle Azur du partenariat. En effet, à ce jour, aucune réservation pour la saison estivale de 2008 n'a été enregistrée, alors que le programme des autres compagnies pour l'été a déjà été lancé. La filiale a subi de lourds préjudices après les pannes successives qui ont paralysé les navires (vétustes) affrétés dans le cadre de son activité de transport de voyageurs. Les conséquences ont été dramatiques pour des centaines de familles d'émigrés restées bloquées dans les ports. CML, faut-il le rappeler, a été cédé pour 49% de ses actions au groupe français Gofast-Aigle Azur et pour 2% pour la personne physique de nationalité algérienne, Arezki Idjerouiden, propriétaire du groupe Gofast. Cnan Group est resté dans le capital de cette nouvelle société en versant à son actif une villa située à Hydra d'une valeur dépassant les 250 millions de dinars, figurant dans les statuts de Cnan Nord, filiale dont la majorité des actions ont été cédées à Gofast (et sert également de siège à celle-ci), mais également deux parcs à containers, l'un (doté de toutes les commodités) d'une superficie de500 m2 situé à Hassi Messaoud et l'autre à Biskra et qui servait initialement à l'exportation de la date. Vers la fin du mois de mai dernier, M. Bouaouiche, directeur commercial de CML, avait déclaré à la presse que Cnan Group a affrété deux navires, Lato et Captain Zamman, pour assurer le transport des voyageurs. Ces navires, que de nombreux spécialistes ont qualifié de très vétustes à l'époque, vont vite créer une situation de crise. En effet, Lato affrété à raison de 55 000 USD/j (sans compter les frais des soutes, d'accostage, d'amarrage, de remorquage et d'équipage) tombe en panne en plein retour des vacanciers émigrés en France. Immobilisés pendant plusieurs jours, les responsables de la Cnan se sont retrouvé dans l'obligation d'affréter dans l'urgence auprès d'un armateur français un autre navire, Jhoni Nicoli, à raison de 120 000 euros la traversée. La même situation a été vécue, l'année d'avant, avec Millenium Express, un vieux bateau qui a laissé derrière lui une lourde dette affaiblissant davantage la trésorerie de la filiale. Pour sa part, Captain Zamman a été saisi au mois d'octobre dernier à Marseille pour des raisons de non-respect des normes de sécurité à bord. Etant donné que son plan de charge est prévu jusqu'à la mi-2008. Contacté, Ali Boumbar, PDG de Cnan Group, a affirmé avoir demandé à la tutelle de procéder à l'annulation de la formule de partenariat avec Aigle Azur du fait que cette union « n'a pas atteint les objectifs » escomptés. « Nous avons saisi par écrit la tutelle en lui demandant de prendre une décision relative à cette filiale. Faut-il la maintenir et donc procéder à la recherche d'un nouveau partenaire, ou carrément la dissoudre. Nous nous sommes entendus avec le partenaire actuel autour de tâches bien précises. Nous, on s'occupe de l'affrètement des navires étant donné notre expertise dans le domaine, et lui, il se charge du volet commercial vu qu'il possède un bon réseau de vente de la billetterie. C'est sur cette base que nous avons travaillé durant la saison écoulée », a déclaré M. Boumbar. Pour lui, la volonté de se retirer de la filiale CML s'explique par le fait que Aigle Azur n'a pas procédé au renouvellement du dépôt de la caution, « pas uniquement pour CML, mais également pour la filiale Cnan Nord, même si les activités de celle-ci se poursuivent et continuent à être rentables pour Aigle Azur ». Le responsable a aussi confirmé que ce « retrait » qui ne dit pas son nom a été effectué sans qu'il y ait un bilan des opérations de vente de la billetterie, surtout à l'étranger, refusant toutefois de dire si ces revenus ont été versés dans les comptes de la filiale. Néanmoins, il a révélé que les incidences financières sur la filière ont été estimées à près de 3,5 millions d'euros, soit une facture de 350 millions de dinars. « Cette filiale peut s'en sortir parce qu'elle active dans un créneau très porteur qui génère des rentrées considérables à même de redresser sa trésorerie », a conclu M. Boumbar.