Le syndicat de CNAN Maghreb Lines (CML), filiale de la compagnie nationale algérienne de navigation, ne veut pas céder à la fatalité de l'arrêt total de l'activité de cette entreprise. Il interpelle le chef du gouvernement afin qu'il sursoit à la résolution du conseil des participations de l'Etat qui a scellé le sort de la CML en décidant sa dissolution. Le collectif des travailleurs mène depuis une véritable course contre la montre pour empêcher que cette option soit effective sur le terrain. Ainsi, il a saisi tour à tour le chef du gouvernement, le ministre des Transports, le président de l'Assemblée populaire nationale et le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens afin de les sensibiliser sur la situation de cette entreprise. Il y va de l'avenir de 250 travailleurs. Ces derniers ne comprennent pas la décision des pouvoirs publics du moment que leur entreprise était bien partie pour s'imposer dans le marché du transport maritime des voyageurs et des véhicules. « En moins de trois ans, on a réussi à avoir une part de marché de 20%. Nous avons transporté plus de 53 000 voyageurs et 14 000 véhicules en 2007. Nous avons un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros pour un seul navire », souligne Djebbara Ali, représentant du collectif des travailleurs. Il rappelle dans ce sillage que la CML qui assurait des dessertes vers la France, l'Espagne et la Tunisie a été d'un grand secours au moment où il y a eu un rush de véhicules à transporter suite à la décision des autorités d'interdire l'importation de véhicules de moins de trois ans. Il en a été de même quand une grève des travailleurs paralysait la compagnie française Société nationale corse Méditerranée (SNCM). « Nous avons travaillé H24 pour éviter à nos compatriotes d'être bloqués à Marseille », se souvient Deriche Smaïl, cadre à la SNCM. M. Djebbara indiquera que la mise en œuvre de la résolution du CPE sera lourde de conséquences pour le Trésor public. « L'Etat va devoir non seulement payer le volet social estimé à 120 millions de dinars, les dettes de l'entreprise qui s'élèvent à 500 millions de dinars, mais surtout les frais du fret sur trois ans d'un navire auprès d'un armateur grec pour 14 millions de dollars », confie-t-il. Selon M. Djebbara, les choses ont commencé à se corser pour la CML au lendemain du retrait de l'entreprise française Gofast/Aigle Azur avec laquelle un contrat de partenariat avait été signé en attendant un contrat de cession qui ne sera jamais conclu. Gofast/Aigle Azur ne souhaitait plus aller plus loin dans l'acquisition de la CML suite notamment à une panne de l'un des navires affrétés par celle-ci et qui a eu des préjudices considérables aussi bien sur la trésorerie de l'entreprise que sur son image. Un autre opérateur était prêt à reprendre la CML. Il s'agit de l'entreprise américaine Mundi Travel qui s'engagerait à investir 8 millions d'euros pour le développement de cette filiale de la CNAN, dont 2 millions d'euros dans le cadre de la prise de participation à hauteur de 51% du capital de la CML. Les négociations avec ce partenaire ont été interrompues à la veille de la décision de dissolution de la CML au grand dam des travailleurs qui avaient placé de grands espoirs dans la perspective d'une reprise par Mundi Travel. Le collectif des travailleurs accuse « les lobbies des concurrents » qui auraient manœuvré pour la dissolution de la CML. Des représentants de ce collectif ont été reçus hier par le vice-président de l'APN auquel ils ont exposé leurs doléances.