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CNAN GROUP : À la recherche d'une bouée de sauvetage La compagnie nationale de navigation a connu plusieurs péripéties qui ont mis en péril son devenir
L'été dernier a vu la signature de contrat d'affrètement de plusieurs navires de type vraquier (à coque nue, c'est-à-dire sans équipage, et avec tous les frais de gestion et d'exploitation) à un coût très bas par rapport à celui pratiqué sur le marché international. Ainsi, à titre d'exemple, la Cnan a cédé le 22 juillet 2007 le vraquier El Hadjar, la plus importante unité d'armement, à une société étrangère, Leadrow SA, enregistrée au Panama, dans le cadre d'un contrat (de gré à gré) d'affrètement en coque nue au prix de 3287,67 USD/j pour une période de 5 ans. El Hadjar venait de sortir d'un chantier naval pour une révision qui a coûté à la compagnie la bagatelle de 10 millions de dollars. Les spécialistes avec lesquels nous nous sommes entretenus estiment que le prix d'affrètement décidé dans le cadre de ce marché est très loin de celui pratiqué au niveau international. Selon eux, les Panamax comme El Hadjar se louaient en cette période entre 45 et 55 000 USD/j. Le plus troublant dans cette transaction, c'est qu'elle a été signée alors que le navire n'avait pas encore achevé son voyage de transport de blé pour le compte de l'OAIC, mettant cet office devant une situation délicate. Au lieu de payer (2,6 millions de dollars) la Cnan, avec laquelle il a signé, il s'est retrouvé obligé de verser cette somme à un agent consignataire pour le compte de Leadrow. Ce que de nombreux spécialistes n'hésitent pas à qualifier de détournement de fret. El Hadjar n'est pas le seul navire à avoir été affrétée dans des conditions suspicieuses, puisque le navire vraquier Aïn Témouchent a lui aussi été loué à Leadrow au prix presque symbolique de 1643,84 USD pour une période de 5 ans, alors que sur le marché son prix vaut au moins cinq fois. La même opération a concerné les navires dits Djebel, comme Djebel Onk, Djebel Refaâ, Djebel Ksel, frétés à 547 UDS/j, alors que leur prix réel est d'au moins 4500 USD/j, selon des experts du transport maritime. Ces transactions ont été toutes réalisées entre les mois de juillet et août 2007, alors que le contrat de partenariat entre le bénéficiaire, en l'occurrence Pharaon CTI, pour le rachat de 51% du capital d'International Bulk Carriers (IBC), une filiale de Cnan Group, n'avait pas été signé. Ce n'est que vers la fin du mois de septembre que la cérémonie de signature a eu lieu. Les actions rachetées se répartissent comme suit : 24,5% détenus par le saoudien Mouneim Pharaon, 24,5% par le jordanien Dadjani et 2% par l'Algérien Laradji Mustapha, dont la participation permet d'avoir la majorité nationale pour garder normalement les 8 navires cédés, à coque nue, sous pavillon algérien. Néanmoins, dès la signature du contrat, Pharaon mandate un armateur turc, Sekur INC, pour prendre en charge la gestion et l'exploitation des navires ; et dès sa prise de fonction, il entre en conflit avec les marins permanents. Les contrats de travail sont rejetés par la majorité du collectif des travailleurs, estimant que les clauses sont en contradiction avec la législation algérienne. Plus grave, il est même stipulé qu'en cas de conflit, les marins doivent se remettre à l'inspection du travail grecque. Dans une lettre adressée aux plus hautes autorités, plus d'une centaine de marins ont appelé à l'application de la réglementation algérienne du travail et dénoncé ce qu'ils ont qualifié de bradage des potentialités humaines et matérielles algériennes au profit de partenaire étranger. Réaction quelque peu légitime lorsqu'on sait que ces navires ont été sous-évalués pour être intégrés dans le contrat de partenariat. Mieux, Pharaon CTI n'a à ce jour pas versé son apport au capital social de la nouvelle société mixte, dénommée IBC, et n'a à ce jour pas pris en charge l'opération de remise en état de trois navires vraquiers : Nedroma, Nememcha et Blida, comme il a été convenu dans le cadre du partenariat. Ces navires, très demandés sur le marché du transport maritime, sont immobilisés depuis deux ans pour des raisons techniques. Les spécialistes estiment que ces contrats vont causer un préjudice énorme à la compagnie, dont la situation financière a subi un lourd déficit estimé pour la seule filiale Cnan Maghreb Lines (CML) à 8 millions d'euros.