Le monde arabe veut boycotter le Salon du livre français qui se déroule du 13 au 19 mars à Paris. Les éditeurs arabes critiquent le choix d'Israël comme invité d'honneur qui célébrera aussi le soixantième anniversaire de sa création. Paris. De notre bureau Le Yémen qui n'a jamais participé à cette manifestation par le passé et le Liban ont d'ores et déjà indiqué qu'ils ne viendraient pas. A Rabat, l'Organisation panislamique des sciences et de la culture a lancé un appel auprès de ses cinquante pays membres pour boycotter la 28e édition du Salon du livre. L'appel a, semble-t-il, reçu un écho favorable de la part des responsables des maisons d'édition palestiniennes et algériennes. Ces derniers seraient d'accord pour être présents à titre personnel. D'autres noms arabes connus dans le monde de la littérature comme l'Egyptien Alaa Al Aswani ou l'écrivaine palestino-américaine Suha Abulhawa ont tout simplement décliné l'invitation, contestant le choix d'Israël comme invité d'honneur. De leur côté, les organisateurs français disent ne pas bien comprendre les raisons de ce boycott et pourquoi les pays arabes mêlent-ils la politique avec la littérature et la culture en général ? Très déçu, un organisateur a indiqué que le Salon du livre n'invite jamais un pays, mais uniquement sa littérature. Un éditeur français se désole de voir les écrivains et hommes de lettres, censés être des esprits libres, tomber dans les pièges politiques tendus par leurs gouvernements. « Comment se fait-il que ces écrivains qui critiquent à longueur de journée leurs gouvernants et qu'ils les décrivent comme anti-démocratiques, voire dictatoriaux, obéissent-ils maintenant à leurs injonctions. C'est triste et incompréhensible. » Les écrivains israéliens ne comprennent pas, eux aussi, la posture des hommes de culture arabe. Ils qualifient de « honteux » les appels au boycottage lancé par certains pays d'une façon officielle. Mais les éditeurs privés eux refusent d'obéir et s'apprêtent à venir à Paris à titre personnel parce que « la culture n'a pas de frontières ». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien regrette, quant à lui, « qu'on déplace le conflit militaro-politique au domaine culturel ». Il ajoute : « Boycotter les écrivains et les livres est l'ultime étape avant de brûler les ouvrages. » La même menace a déjà pesé sur le Salon du livre de Berlin qui a eu lieu récemment en Allemagne avec beaucoup d'absents du côté arabe. S'achemine-t-on vers le même scénario en France ? Possible, répond un éditeur parisien qui regrette que les écrivains arabes puissent rater une belle occasion de rencontrer de grandes pointures israéliennes comme David Grossman ou Amos Oz ou B. Yehoshua. « Non seulement ces écrivains sont de gauche, conclut-il, mais ils militent aussi et avec force pour la création d'un Etat palestinien. »