Le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a annoncé qu'il n'y aura pas de licenciement d'enseignants à la suite de la grève de trois jours menée la semaine dernière. Bien que positive, il n'est pas sûr que cette décision suffise à effacer les raisons du mécontentement. Dans une déclaration tenue en marge de la journée sur la recherche pour la santé, M. Belkhadem a indiqué qu'« il n'y a pas de licenciement, mais les enseignants qui se sont absentés seront sanctionnés administrativement », précisant que « la grève est illégale, selon la justice ». Interrogé sur la situation des enseignants contractuels qui avaient observé la grève, le chef du gouvernement a expliqué que ces enseignants ont des « contrats à durée déterminée qui seront renégociés à la fin de cette durée ». Même si les propos tenus par le chef du gouvernement marquent un recul dans la politique de répression des protestataires, les syndicats autonomes ne décolèrent pas. Joint hier par téléphone, l'ancien porte-parole de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, Méziane Mériane, a rappelé que « si les travailleurs de la Fonction publique ont eu recours à la protestation, c'est parce que toutes les portes du dialogue étaient fermées ». « Les syndicats autonomes sont marginalisés. Nous avons adressé des lettres dans lesquelles nous exposions nos doléances au ministère de tutelle, au chef du gouvernement et même au président de la République. Elles sont restées sans réponse », explique-t-il. Et d'ajouter : « Si quelqu'un doit être sanctionné dans cette histoire, c'est le gouvernement. » La lettre de licenciement, insiste notre interlocuteur, était bien réelle. « Au cours de la conférence de presse que nous avons tenue la semaine dernière, un enseignant contractuel affilié à l'Unpef a lu la correspondance de la direction de l'éducation lui signifiant qu'il était licencié », nous dit-il. Pourtant, l'ordonnance n°06-03 du 15 juillet 2006 stipule dans son article 13 que dans le cadre de la législation et de la réglementation en vigueur, les agents soumis au régime de la contractualisation ont droit, entre autres, à l'exercice du droit syndical et de grève ainsi qu'à la protection contre les menaces, outrages, injures, diffamations ou attaques de quelque nature que ce soit, dont ils peuvent être l'objet, dans ou à l'occasion de l'exercice de leur activité. « La loi doit être appliquée, on n'a pas le droit de licencier pour cause de protestation. La grève est un droit reconnu par la loi », souligne M. Mériane. Il s'insurge également contre les ponctions, de six jours, sur les salaires des contestataires. Les sanctions administratives n'empêcheront visiblement pas les enseignants de poursuivre leur mouvement de protestation. Selon M. Mériane, lors d'une récente assemblée générale, la majorité des délégués a appelé au boycott des examens de fin d'année. Le bac et le BEM seront ainsi fortement compromis. Les enseignants semblent décidés à maintenir la pression jusqu'à la concrétisation de leurs revendications. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, l'Union nationale des professionnels de l'enseignement et de la formation (Unpef) a appelé le président de la République à intervenir dans la mise en place d'une grille des salaires qui prenne en compte l'érosion du pouvoir d'achat.