L'ex-chef du gouvernement affirme que le président de la République ne lui a donné aucune explication sur les raisons de son limogeage. «Le changement est un acte naturel dans la pratique politique. Mon départ de la chefferie du gouvernement était prévisible. Cela ne m'a pas surpris.» C'est ce qu'a déclaré hier, M.Abdelaziz Belkhadem, à l'occasion de sa première sortie médiatique depuis son éviction de la tête de l'Exécutif. Belkhadem qui a réuni les cadres de son parti au Palais de la culture pour célébrer le 46e anniversaire de l'Indépendance, a tenu à rencontrer la presse à la salle d'honneur avant d'entamer le programme inscrit à l'ordre du jour. Ce dernier avait des messages à transmettre. Le plus important a trait bien évidemment au surprenant changement opéré au gouvernement. Belkhadem qui préconisait depuis plus d'un an un remaniement est sorti par la petite porte du Palais du gouvernement. Est-ce une surprise pour vous? a demandé L'Expression à l'ex-chef du gouvernement? Belkhadem, vêtu d'un costume noir, entouré de quelques cadres du FLN, ne semblait nullement vexé par la question. Le sourire aux lèvres, il affirme: «J'étais bien évidemment informé de ces changements. Le président de la République m'a fait part de sa volonté de désigner un nouveau chef du gouvernement.» Mais Belkhadem oublie de préciser quand il en a été informé. L'autre détail sur lequel ce dernier s'est montré peu prolixe concerne les raisons de ce revirement: «Le président ne m'a pas donné des explications. Il n'est d'ailleurs pas obligé de le faire. La Constitution lui donne le droit de remanier l'Exécutif.» Quelle lecture faites-vous de ce changement? Existe-t-il un lien avec la révision de la Constitution? Belkhadem est-il pressenti au poste de vice-président en 2009? Le ministre d'Etat écarte cette thèse: «Dans la mouture du FLN, il n'est pas question de créer le poste de vice-président.» Faisant mine que ce poste ne l'intéresse guère. Pas de lien aussi, selon Belkhadem, entre le changement et les déclarations qu'il a tenues en présence du Premier ministre français, M.François Fillon, sur l'UMP: «J'ignore d'où la presse a tenue cette information, mais je tiens à assurer que ma position sur l'UPM n'a guère précipité mon départ.» Rappelons que l'ex-chef du gouvernement avait déclaré au terme de sa rencontre avec l'officiel français en visite à Alger, que «l'Algérie ne sait plus si elle doit négocier avec Bruxelles ou avec Paris». Son successeur, M.Ahmed Ouyahia, a, lui, défendu vigoureusement la présence de l'Algérie au Sommet de Paris, qui va signer l'acte de naissance de l'UPM. La troisième thèse formellement démentie a trait aux échecs de Belkhadem dans le domaine économique. Là aussi, il est catégorique: «Non je n'ai pas échoué. Si c'était le cas, le président de la République aurait désigné un nouveau gouvernement, or le changement n'a touché que le sommet de l'Exécutif.» Une manière formelle pour lui de défendre son bilan. Le FLN qui perd la chefferie du gouvernement, un poste qui lui est très cher et qu'il n'avait cessé de réclamer, ne fera pas de l'opposition. Bien au contraire, Belkhadem a affirmé hier le soutien indéfectible du parti au chef du gouvernement : «Il n'y a pas de doute que le gouvernement travaille pour l'intérêt du pays, nous le soutiendrons sur le terrain. Nos ministres appliqueront les orientations du nouveau chef du gouvernement, qui, lui, obéit aux orientations du Président», atteste-t-il. Enfin, Belkhadem a soutenu que son départ du gouvernement n'affaiblit pas sa position au sein du parti: «Nous sommes un parti uni et nous le resterons», assure-t- il. Des assurances qui cachent très mal le malaise existant à l'intérieur de l'ex-parti unique. Par ailleurs, concernant la révision de la Constitution, Belkhadem a réitéré son souhait que cela se fasse prochainement. Il annonce dans ce chapitre que les préparatifs pour la tenue du congrès extraordinaire avancent «bien».