Le train de marchandises en provenance d'Alger et se dirigeant à Bordj Bou Arréridj tractait 10 wagons de gasoil et 5 autres chargés d'essence. Le choc avec une locomotive venant en sens inverse a fait 4 blessés et une personne portée disparue. Le risque de catastrophe écologique plane toujours. Un télescopage entre un train de carburant et une locomotive s'est produit jeudi dernier à 5h30 dans un tunnel entre Lakhdaria et Ammal, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Bouira et à 90 km à l'est d'Alger. La collision a fait quatre blessés et un disparu parmi les conducteurs des deux locomotives. Trois blessés ont pu quitter l'hôpital de Lakhdaria où ils avaient été admis peu après l'accident. Le quatrième mécanicien, présentant des brûlures, est resté en observation aux urgences, a-t-on appris. Aucune nouvelle du cinquième homme, conducteur du train de carburant, qui n'a malheureusement pu échapper à ce drame. Les rescapés ont quitté leurs machines avant la collision et se sont enfuis du côté de la locomotive isolée, arrivant de Lakhdaria, échappant ainsi aux explosions en série sur le train de fret. Bien que dotés d'un système de sécurité, selon les explications des responsables de la SNTF, les citernes de carburant n'ont pas résisté aux conditions extrêmes d'une collision à l'intérieur d'un tunnel. Le choc et les conditions thermales maximales ont provoqué l'explosion des wagons les uns après les autres. Une dizaine de déflagrations a eu lieu entre jeudi et vendredi, selon des témoignages, ébranlant la structure datant de l'ère coloniale. A noter que le train de marchandises en provenance d'Alger et se dirigeant à Bordj Bou Arréridj tractait 10 wagons de gazoil et 5 autres chargés d'essence, pour un volume total de 750 m3. Des colonnes de fumée se dégageaient encore hier du tunnel, bien que les flammes, impressionnantes dans la journée du jeudi, ont baissé en intensité, selon les dernières indications provenant du lieu de l'accident. Le risque de catastrophe écologique plane toujours, vu la proximité de l'oued Isser, se déversant dans le barrage de Beni Amrane, qui alimente à son tour le barrage de Keddara. Des forages d'eau existent également en aval de cet endroit. Les averses enregistrées hier ne sont également pas pour arranger les choses. Interrogés, des représentants de la SNTF et de la STPE (Société de transport des produits énergétiques) tentent de rassurer, à ce sujet, indiquant que le carburant est détruit par la combustion, écartant tout déversement dans l'oued se trouvant en contrebas du tunnel. Les agents de la Protection civile dépêchés en nombre à partir des wilayas de Boumerdès et de Bouira n'ont pas pu intervenir dans ce sinistre sans précédent, s'agissant d'un incendie dans un tunnel, sur un relief quasi impossible d'accès. L'intervention ne pourra se faire que par le biais de la voie ferrée, après l'extinction de tous les foyers de feu, selon les explications fournies sur place. Les flammes tiendront au moins 48h, a-t-on indiqué. Des fûts remplis de mousse, devant servir à l'extinction du feu, ont été mis par la SNTF à la disposition de la Protection civile. A noter que le « nez à nez » entre les deux trains s'est produit au milieu d'un tunnel long de 770 m. La collision impliquant un train de carburant, à l'intérieur même d'un tunnel, est sans précédent dans les annales ferroviaires algériennes, plutôt dominées par des déraillements de trains, y compris de voyageurs. En dépit de la gravité de la collision de jeudi, l'on n'a pas manqué de relever que les conséquences auraient été catastrophiques si un train de voyageurs était pris au piège d'un tel dysfonctionnement des mesures de sécurité devant réguler le transport ferroviaire. Une commission d'enquête a été mise en place pour déterminer les circonstances de l'accident, a-t-on appris des responsables de la SNTF dépêchés sur les lieux. « Tous les protagonistes de cette affaire sont en cours d'audition », nous a-t-on déclaré. Les observateurs s'interrogent sur la survenue d'un tel télescopage sur un tronçon où se trouvent deux gares, non distantes l'une de l'autre, Lakhdaria à l'est, et Ammal puis Thénia à l'ouest. L'enquête devra déterminer si un appareillage radio gare-locomotive était opérationnel, ou si les conducteurs ont fui les machines uniquement grâce aux projecteurs des trains montrant l'arrivée d'une locomotive en sens inverse. Notons que la locomotive isolée rentrait d'un chantier ferroviaire entre Draâ El Mizan et Bouira et devait rejoindre la gare de Thénia. L'aiguillage sur un tronçon à voie unique n'a pas fonctionné et a provoqué un drame en plein tunnel passant dans les gorges de Lakhdaria. La circulation automobile sur la RN5 était fortement perturbée durant tout le week-end, en raison de l'arrivée des moyens de secours qui avaient été disposés face aux foyers de l'incendie sans possibilité d'intervention. La ligne ferroviaire entre Alger et Constantine reste coupée jusqu'au dégagement et la réparation de la voie. Des experts étrangers étaient sur place, hier, a-t-on indiqué, à l'effet d'établir un diagnostic sur les dégâts occasionnés à la structure du tunnel.