Hier en fin de journée, des colonnes de fumée se dégageaient encore des deux entrées du tunnel où a eu lieu l'accident ainsi que de deux autres bouches d'aération. Vers 17h, les soldats du feu tentaient avec les moyens dont ils disposent d'entrer dans le tunnel pour éteindre les flammes. Les éléments de la Protection civile, qui ont eu du mal à élaborer un plan d'intervention dans ce cas, se sont équipés de masques à oxygène et ont entamé la lutte contre les flammes qui consumaient le carburant transporté par ce train de 15 wagons entré en collision avec une locomotive qui venait dans le sens inverse. Ils ont tenté d'entrer dans le tunnel dans l'espoir de sauver l'autre passager du train. Dans la matinée, le ministre s'est déplacé jusque sur les lieux pour constater la délicatesse de la situation, car dans un tunnel de quelque 700 m, sans issues de secours ni voies d'intervention, il était pratiquement impossible à la Protection civile d'intervenir. « Il se produit des explosions à l'intérieur du tunnel depuis hier matin, soit juste après l'accident. Et à chaque explosion il y a un souffle, de la fumée et des flammes qui se dégagent des deux entrées du tunnel ainsi que des deux bouches d'aération. Cela complique, s'il ne rend pas impossible, toute intervention des secours », témoignent les habitants. En effet, depuis jeudi matin, la Protection civile pensait à trouver un moyen de porter secours au passager porté disparu, en vain. Hier, la SNCF a dépêché une locomotive à partir d'Alger pour essayer de la mettre au service des équipes de la Protection civile, mais cela s'est avéré sans grande utilité, vu la quasi-impossibilité de pénétrer dans le tunnel et de s'approcher des wagons qui brûlaient. La mission des pompiers est d'autant plus difficile que par moments il se produit des explosions. « Ces explosions sont imprévisibles. Ce qui rend très difficile la mission de nos services », nous a déclaré un élément de la Protection civile. L'accident est survenu dans un tunnel à l'entrée des gorges de l'ex-Palestro. Ici, la voie ferrée longe l'oued Isser, de l'autre côté elle est longée par la RN5. La nature du relief ne permet aucun accès ou autre approche par véhicule à l'endroit du sinistre. Le tunnel risque de subir des dommages sérieux à cause de la chaleur, mais surtout des explosions. Et lorsqu'on sait que cette voie est la seule qui dessert tout l'Est algérien à partir de la capitale, il est aisé d'imaginer les retombées de cet accident sur l'économie et le transport des voyageurs. Le wali de Boumerdès qui était jeudi sur les lieux de la catastrophe a installé une commission de suivi de la crise. Cette commission renferme des responsables des secteurs des transports, de l'environnement, de l'énergie et autres. Le ministre, le wali, la Protection civile ne pouvaient que regarder ce qui se produisait en appréhendant le pire. Cet accident dans un tunnel construit du temps de la colonisation française sur une voie restée telle quelle depuis sa réalisation relance le débat sur le renouvellement des infrastructures de base. Tous les tunnels des gorges de Palestro ne renferment pas assez, sinon aucune issue de secours ni des voies d'intervention pour les services de la Protection civile.