Une semaine après le sinistre accident ferroviaire survenu à l'intérieur d'un tunnel des gorges de l'ex-Palestro (Lakhdaria), wilaya de Bouira, l'intervention des équipes de la Protection civile et de la SNTF n'a pas pris fin. Elle n'a au contraire que très peu avancé. Le feu qui s'est déclaré suite à la collision d'un train transportant du carburant et une locomotive qui venait en sens inverse « n'est pas encore totalement éteint », selon une source proche du dossier. Jusqu'à hier en fin de journée, l'on n'avait retiré que 3 wagons sur les 15 que comportait le train, en plus de l'autre locomotive. Les éléments de la Protection civile continuent encore à injecter de la mousse à l'intérieur du tunnel à travers ses deux entrées et les deux bouches d'aération dans le but d'éteindre le feu. L'intervention est d'autant plus difficile que l'endroit est inaccessible par véhicule, et depuis hier le mauvais temps a compliqué le travail des agents sur place. Le seul moyen dont disposent les intervenants pour acheminer les moyens matériels et humains sur les lieux demeure le rail. Les difficultés d'avancer dans le dégagement de la voie sont aggravées par l'« énorme quantité de gravats qui couvre le tunnel », selon un élément de la Protection civile. En certains endroits, le tunnel est presque bouché par les gravats arrachés à ses parois par la force des explosions qui ont lieu à l'intérieur. Durant tout ce temps, il a fait une chaleur d'enfer dans le tunnel, selon des intervenants qui précisent que « près du point de collision, les wagons sont devenus un tas de ferraille semi-enterré ». A rappeler que des experts étrangers et nationaux ont été dépêchés sur les lieux pour expertiser l'ouvrage qui a subi de très importants dégâts, dans sa partie bâtie surtout. Mais jusqu'ici, aucune conclusion n'a été définitivement rendue. Des officiers de la Protection civile nous ont déclaré sur les lieux au troisième jour de la catastrophe que le tunnel s'est éventré en certains endroits et qu'il menace de s'effondrer dans d'autres. Cependant, cela concerne sa partie construite. Quant à la partie plongeant complètement dans la montagne, elle a subi des dégâts dus aux fissurations enregistrées au niveau des parois. Celle-ci serait récupérable, selon nos interlocuteurs, qui affirment cependant qu'il faudra un énorme travail de déblaiement et de décapement des parois. « Je ne pense pas que toute cette montagne puisse être totalement démontée par cet incendie », nous avait déclaré un officier de la Protection civile. Hier, nous avons appris auprès d'un responsable que la chaleur était encore insupportable à l'intérieur du tunnel et que les choses se compliquent au fur et à mesure que l'on s'approche du centre. Et l'on était toujours sans nouvelles du conducteur porté disparu. Nos tentatives d'avoir plus de renseignements des responsables de la SNTF que nous avons essayé de joindre par téléphone ont été vaines. Il n'y avait personne pour nous en parler, nous disait-on. Mais nous savons que le trafic ferroviaire entre la capitale et l'est du pays est suspendu. Ni trains de voyageurs ni ceux des marchandises ne desservent cette partie du pays qui risque de subir durement les incidences de cet accident. Car cette voie est la seule qui relie l'Est algérien à la capitale. Et elle a été réalisée pendant l'occupation française, il y a plus d'un siècle. Nous aurions aimé savoir si les pouvoirs publics ou la SNTF au moins ont fait une évaluation des pertes économiques qui vont découler de cet accident. Il y a d'un côté les activités d'une entreprise de transport qui sont sérieusement perturbées, voire bloquées, sur l'une de ses lignes les plus importantes, et de l'autre côté une impossibilité de poursuivre normalement l'acheminement des marchandises entre l'est du pays d'un côté et le centre et l'ouest d'un autre côté. Surtout en ce qui concerne le carburant et les matières premières acheminés par voie ferroviaire pour différentes industries dans les deux sens. A rappeler que l'accident, survenu jeudi dernier, a fait 4 blessés et un disparu. Une enquête diligentée par les services de sécurité n'a pas encore livré ses conclusions. La SNTF a parlé d'une « erreur humaine » au niveau de la gare de Lakhdaria d'où l'on a laissé partir la locomotive qui a percuté frontalement le train qui s'était enfoncé de plus de 400 m dans un tunnel de 750 m de long.