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Les harraga et la mauvaise gouvernance
Publié dans El Watan le 02 - 03 - 2008

Tant que le phénomène de la harga n'affectait que les ressortissants des pays subsahariens, j'entendais des gens dire :« Les pauvres ! C'est la misère extrême qui les pousse à risquer leur vie pour atteindre les îles Canaries ou les rivages du sud de l'Espagne.
Effectivement, les pays d'origine sont pauvres et n'ont que très peu de moyens pour sortir du sous-développement. Maintenant que le phénomène touche l'Algérie, je me permet de dire que c'est une honte,car notre pays a les moyens d'offrir une vie digne à tous ses enfants. Il en a les moyens, oui ! Il a la richesse pour le faire,oui ! Au moment où les caisses du Trésor public débordent de l'argent des revenus pétroliers, nous ne savons ni le dépenser toujours efficacement ni l'investir toujours efficacement. L'adverbe « toujours » est souligné pour préciser que mon intention n'est pas de dénigrer systématiquement tout ce qui se fait en Algérie. Il y a des dépenses et des investissements intéressants et efficaces, mais nous sommes très loin d'exploiter au mieux toutes les réserves financières dont le pays dispose. Et c'est là, que nous arrivons à la mauvaise gouvernance. Ceux qui parlent de bonne gouvernance en ce qui concerne l'Algérie ou bien ils ne savent pas du tout ce que cela signifie ou bien ils le savent et choisissent délibérément la langue de bois et l'hypocrisie pour mentir encore au peuple. Il y a des critères objectifs pour juger de la bonne gouvernance, et il n'est pas permis que chacun la comprenne à sa manière, surtout pas en fonction de sa position, de ses intérêts propres et de ses privilèges. En tenant compte des critères objectifs, on peut donner une définition très large de la bonne gouvernance, en disant que c'est la recherche permanente du bien-être des citoyens. Les scientifiques disent que « les faits sont têtus », et les faits de la réalité algérienne s'expriment d'eux-mêmes, en nous montrant une situation socioéconomique particulièrement difficile pour les citoyens algériens, notamment ceux des couches pauvres et moyennes. Je ne suis pas le premier, ni le seul à dire, d'éminents économistes algériens l'ont signalé avant moi, qu'il est, pour le moins, très discutable qu'une bonne partie de notre argent soit placée aux Etats-Unis, alors que nous supplions les pays occidentaux de venir investir en Algérie et ce, outre la morale de voir notre propre argent servir, d'une manière ou d'une autre, à soutenir l'agression du peuple irakien ou celle du peuple palestinien, à travers les soutiens sans réserve des Etats-Unis à Israël. Notre argent ferait bien de rester chez nous pour être investi dans le maximum de projets créateurs de maximum d'emplois nouveaux et c'est là, la seule véritable façon (bonne gouvernance) de lutter contre le phénomène de la harga. Oui, bien sûr, cela prendra du temps, mais cela est à notre portée et nous avons perdu beaucoup de temps. Il est très urgent de réagir. Très urgent aussi de mettre sur pied un plan pluriannuel national de transition vers l'après-pétrole. L'idée d'« œuvrer pour l'au-delà, comme si nous mourrions demain, et d'œuvrer pour notre vie, comme si nous allons vivre éternellement » est très chère à notre culture arabo-musulmane. Mais nous avons l'impression que l'avenir ne préoccupe pas l'esprit des gouvernements algériens qui se sont succédé. L'après-pétrole c'est dans une vingtaine d'années, selon certains experts. Vingt ans c'est à peine, c'est seulement le temps qui sépare aujourd'hui des émeutes d'octobre 1988. Il vaut mieux ne pas croire ceux qui parlent de réserves pétrolières pour 40 ou 50 ans encore, car si leurs prévisions sont fausses, nous risquons de le payer très cher, car nous nous serions endormis en attendant que Dieu trouve des solutions à nos problèmes au lieu de nous attaquer à les résoudre en préparant l'avenir, ce qui exige forcément beaucoup de temps. J'avoue que je suis jaloux de voir des documentaires à la télévision montrant que certains pays du Golfe — pourtant des royautés — investir tous azimuts dans le tourisme et ce, depuis plusieurs années déjà, pour assurer des revenus décents à leur population — pourtant assez fiable — pour le début de l'ère après-pétrole. Les choses étant objectivement différentes pour l'Algérie, nous devons consentir de gros investissements dans l'agriculture et dans les secteurs industriels qui nous seront laissés plus ou moins libres par la mondialisation destructive des économies du tiers-monde. La bonne gouvernance c'est aussi avoir des Algériens très compétents dans les hauts postes de responsabilité pour faire face à cette mondialisation ravageuse et protéger les citoyens des risques de paupérisation, encore grandissante à l'avenir. Il faut bien avoir ? présent à l'esprit que la chance qu'a eu l'Algérie (malchance peut-être pour certaines raisons comme l'habitude acquise de ne pas suer au travail), d'être dotée de pétrole est une chance unique depuis que la planète Terre existe. Si nous ratons cette chance exceptionnelle de profiter de ce don de Dieu pour assurer notre développement, alors nous risquons de rester éternellement sous-développés et de ce fait, de nouveau colonisables, ce qui confirmerait les idées de Malek Bennabi sur la « colonisabilité ». A moins que la science réussisse à trouver des solutions pour le stockage et le transport de l'énergie solaire, auquel cas, tous les pays arabes pourront en exporter, car bien dotés de cette énergie qu'ils n'auront eux-mêmes pas produite. Mais alors qu'attendent les pays arabes pour se doter d'un super-centre de recherche en énergie solaire Ce serait une bonne solution pour l'après-pétrole. A moins que les scientifiques occidentaux trouvent un moyen de rendre leur pays complètement indépendant en matière d'énergie. La science réserve toujours des surprises. Pour en revenir à la mauvaise gouvernance, il me tient beaucoup à cœur de signaler des faits, rien que des faits, qui semblent prouver que les droits des citoyens algériens ne sont pas protégés comme ils devraient l'être. Quel rapport avec les harraga ? La Constitution donne le droit à tout citoyen d'être protégé par son Etat, d'avoir les conditions d'une vie digne. Les harraga, dans leur majorité statistique, n'ont pas bénéficié d'une scolarité performante qui minimiserait les exclusions des établissements scolaires (échec partiel du système scolaire), ils n'ont pas bénéficié d'une formation professionnelle en rapport avec les besoins de l'économie algérienne pour leur faciliter l'entrée dans la vie professionnelle et enfin, ils n'ont pas bénéficié d'un poste de travail. Les faits que je souhaite signaler sont : 1er cas : les Algériens emprisonnés à Guantanamo n'ont pas eu l'aide et l'assistance du ministère algérien des Affaires étrangères, alors que dès le début de leur arrestation, il était clair que les Etats-Unis piétinaient les droits de l'homme et les conventions internationales. La meilleure preuve étant que beaucoup de prisonniers ont été libérés, parce que complètement innocents. J'aurais été fier de mon pays, si nous avions mené une campagne médiatique internationale pour exiger que la justice américaine agisse rapidement en jugeant les suspects, en condamnant ceux contre lesquels des preuves formelles auraient été trouvées, mais avec la garantie du contrôle de la part d'avocats algériens, commis d'office par notre pays, et en libérant immédiatement ceux pour lesquels aucune preuve ne pouvait être trouvée.2e cas : les universitaires algériens torturés en Egypte, il y a quelques jours. La réaction du ministère des Affaires étrangères n'est pas à la hauteur de la gravité des faits. J'espérais une condamnation officielle publique et très ferme avec rappel de l'ambassadeur d'Algérie. 3e cas : Le Quotidien d'Oran du 28 janvier informe ses lecteurs que trois prisonniers algériens ont été amputés d'une main. Je suppose que l'information est sûre, mais elle me paraît tellement horrible que je souhaite encore que ce ne soit pas vrai. Que dire ? De quel droit pareille barbarie ? Si les faits s'avèrent exacts et si les victimes étaient occidentales, il est pratiquement certain que cela aurait servi de prétexte pour un bombardement de la Libye ou une occupation du pays. L'Algérie étant pacifiste, j'espère que, comme écrit pour le cas précédent, elle élèvera une très ferme protestation et rappellera son ambassadeur « pour consultations », cela dans l'immédiat. Dans le court terme, c'est-à-dire assez rapidement, désigner une commission mixte d'experts des deux pays relevant des ministères de la Justice et des Affaires étrangères pour proposer une convention, selon laquelle les citoyens algériens – résidents ou de passage en Libye – seraient jugés, selon les principes du droit algérien pour des délits commis sur le territoire libyen et, réciproquement, les citoyens libyens, ayant commis des délits sur le territoire algérien, seraient jugés selon le droit libyen à l'exclusion de peines portant préjudice à l'intégrité physique (amputation) ou morale. Cela ressemblerait, quelque peu, aux accords qui existent entre le Tchad et la France, les travaux forcés n'existant plus dans le droit français. Il ne sert à rien de déclarer que les victimes algériennes sont d'honnêtes travailleurs, car ce statut n'empêche pas de commettre des délits. Il est plus judicieux, plus indiqué de s'insurger contre ces pratiques barbares qui affectent nos compatriotes. Cette suggestion d'accord judiciaire entre l'Algérie et la Libye va dans le sens de la bonne gouvernance pour la protection du citoyen algérien, même hors des frontières nationales. Le mot de la fin ? Je suis révolté par les peines de prison qui affectent les harraga, lorsqu'ils sont arrêtés en Algérie après une tentative infructueuse de rejoindre les rives de l'Europe. Est-ce pour faire plaisir aux Etats européens, comme quoi nous faisons tout notre possible pour dissuader l'émigration clandestine vers l'Europe ? Je ne crois pas que les peines de prison dissuadent d'une « récidive ». El harga est une tentative d'évasion. Le harrag considère l'Algérie comme une prison, c'est une conception propre à son esprit. Le mettre aux arrêts entre quatre murs constitue pour lui une prison dans une prison : ce qui risque d'avoir des conséquences graves sur son
équilibre psychologique.Je me préoccupe de la santé de mes concitoyens, c'est pour cela que j'attire l'attention du ministère de la Justice : les lois faites par les hommes peuvent être changées pour les faire évoluer vers plus d'humanisme. Les responsables politiques sont-ils capables d'agir pour rendre la vie agréable en Algérie pour toute sa jeunesse, afin qu'elle ne pense plus à fuir le pays ou bien ne sont-ils capables que de s'apercevoir, sur le tard, qu'il existe des jeunes en Algérie ? En plus des « compétences nationales », qui quittent le pays pour des raisons diverses, le départ des jeunes appauvrit l'Algérie de ses forces vives et nous maintient, encore plus, dans le sous-développement.
L'observation des faits
La sociologie étudie les comportements des groupes sociaux et propose des solutions pour mettre fin aux dysfonctionnements ou aux entraves vers le bien-être des citoyens. On définit un groupe social, en sociologie, comme étant un ensemble d'individus — du plus petit ensemble de deux personnes aux très grands ensembles au nombre illimité — qui se réunissent pour atteindre un but ou réaliser un projet commun qui, une fois atteint, entraîne la disparition dudit groupe ou le maintien de son existence par la fixation d'un nouveau but ou d'un nouveau projet. Cette définition s'applique parfaitement aux harraga qui « montent » toute une entreprise logistique destinée à un seul but, celui de quitter clandestinement le pays et une fois leur but atteint : le débarquement sur une rive de l'Europe, ils se séparent – le groupe n'existe plus – car chacun, de son côté, ira se débrouiller pour vivre. Je voudrais ajouter une précision en disant que, contrairement aux sciences exactes qui exigent une très longue instruction pour arriver à leur parfaite maîtrise, tout esprit doué de bon sens, de logique et d'objectivité peut arriver à faire une bonne analyse d'un phénomène social et ce, sur la base d'une bonne observation des faits. C'est ainsi que j'ai eu de nombreuses fois le plaisir de lire de très bons articles traitant de problèmes sociaux et rédigés, soit par des journalistes n'ayant pas eu de formation universitaire en sociologie mais en économie ou sciences politiques ou droit, etc., soit par des citoyens d'un niveau d'instruction plus modeste.La sociologie étudie les comportements des groupes sociaux et propose des solutions pour mettre fin aux dysfonctionnements ou aux entraves vers le bien-être des citoyens. On définit un groupe social, en sociologie, comme étant un ensemble d'individus — du plus petit ensemble de deux personnes aux très grands ensembles au nombre illimité — qui se réunissent pour atteindre un but ou réaliser un projet commun qui, une fois atteint, entraîne la disparition dudit groupe ou le maintien de son existence par la fixation d'un nouveau but ou d'un nouveau projet. Cette définition s'applique parfaitement aux harraga qui « montent » toute une entreprise logistique destinée à un seul but, celui de quitter clandestinement le pays et une fois leur but atteint : le débarquement sur une rive de l'Europe, ils se séparent – le groupe n'existe plus – car chacun, de son côté, ira se débrouiller pour vivre. Je voudrais ajouter une précision en disant que, contrairement aux sciences exactes qui exigent une très longue instruction pour arriver à leur parfaite maîtrise, tout esprit doué de bon sens, de logique et d'objectivité peut arriver à faire une bonne analyse d'un phénomène social et ce, sur la base d'une bonne observation des faits. C'est ainsi que j'ai eu de nombreuses fois le plaisir de lire de très bons articles traitant de problèmes sociaux et rédigés, soit par des journalistes n'ayant pas eu de formation universitaire en sociologie mais en économie ou sciences politiques ou droit, etc., soit par des citoyens d'un niveau d'instruction plus modeste.
L'auteur est professeur de sociologie


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