les séminaristes, venus des pays du Maghreb, d'Afrique et d'Europe, disposent de deux jours pour faire des propositions concrètes. Les Nations unies ont estimé à 175 millions le nombre de personnes vivant hors de leur pays d'origine, dont 86 millions de travailleurs migrants, soit plus de 50 %. L'information a été communiquée, hier, lors du séminaire organisé à l'hôtel Eriadh sur la côte ouest d'Alger et dont le thème principal s'articule autour de la migration de la main-d'oeuvre au Maghreb. Il s'avère ainsi, d'après les mêmes sources, que le nombre d'Africains, qui sont considérés comme étant des migrants économiquement actifs, sont estimés aujourd'hui à 7,1 millions entre hommes et . Ce premier séminaire organisé à Alger intervient, faut-il le souligner, après la réunion des 5+5 des deux rives de la Méditerranée en septembre 2004 et qui s'est penchée longuement, notamment sur l'immigration clandestine qui prend des tendances alarmantes, voire suicidaires, puisque nombre de candidats en quête de meilleurs cieux ont perdu la vie au cours de leur tentative d'échapper à la misère de leur pays d'origine. L'objectif du séminaire de deux jours, qui s'inscrit dans le cadre du projet mis en oeuvre par le Bureau international du travail (BIT) avec le soutien de l'Union européenne, est de faire un état des lieux de la migration de main-d'oeuvre à l'échelle du Maghreb dans le but de permettre une meilleure gouvernance de la migration du travail dans la sous-région. A cet effet, plusieurs ministres, notamment Tayeb Louh, du département du Travail et de la Sécurité sociale, Djamel Ould Abbès, de l'Emploi et de la Solidarité nationale, ainsi que Sidi-Saïd de la Centrale syndicale (Ugta) ont été conviés afin de s'exprimer sur le sujet qui préoccupe énormément les Européens. Là-dessus, Abdelmadjid Sidi-Saïd a été, pour sa part, très clair. «La richesse est au Nord, et la misère est au Sud», a-t-il sèchement déclaré en critiquant sévèrement les Européens qui, selon lui, «ont toujours eu l'intelligence de nous avoir». «L'Europe investit des milliards dans les pays de l'Est et a fait du Maghreb un véritable souk», a-t-il martelé en affirmant que personne ne va nous faire de cadeau et que la véritable priorité est de s'unir au sein de l'UMA. Il dira sans ambages qu'il ne croit à ce genre de rencontres que s'il y a réellement des résultats. Plus diplomatique, Djamel Ould Abbès, pour sa part, soulignera que la maîtrise de la gestion des flux migratoires transite nécessairement par le dialogue social dans le cadre d'une relation trilatérale qui touche les volets politique, économique, social et culturel à l'origine de ces déplacements. Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale soutiendra que l'implication de l'Organisation internationale des migrations doit être mieux cernée et plus réelle dans la mesure où les agences de l'organisation des Nations unies, à l'image de l'Organisation internationale du travail, ont de tout temps supervisé la mise en oeuvre des plans d'action impliquant des Etats à large échelle. Pour Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, le seul moyen de mettre un terme au flux d'immigrants clandestins c'est d'aider les pays pauvres. Il affirmera que le phénomène de l'immigration clandestine ne concerne pas seulement l'Europe, mais aussi l'Algérie, qui enregistre 7000 immigrants clandestins annuellement sur son territoire, essentiellement des personnes venues des pays subsahariens. D'après M.Louh, la relance de l'unité de l'UMA s'avère ainsi une nécessité afin, a-t-il tenu à souligner, de mettre en place des programmes communs et offrir du travail pour tout le monde au Maghreb et ainsi arrêter aussi bien l'immigration vers la rive nord que la fuite des cerveaux. En tout état de cause, les séminaristes, venus des pays du Maghreb, d'Afrique et d'Europe, disposent de deux jours pour faire des propositions concrètes afin de mettre sur pied une politique de migration nationale et régionale coordonnée, en espérant atteindre un jour le rêve qui consiste à offrir à tous les citoyens de la rive sud de la Méditerranée une vie décente dans leur propre pays.