Pourriez-vous nous présenter brièvement la zaouïa Qadiria d'El Oued ? La zaouïa Qadiriya de Oued Souf a été fondée sur la voie du Cheikh Sidi Mohamed El Hachemi Chérif Ben Ahmed en 1882. Il a érigé une zaouïa à El Oued, une autre à El Bayadha où son corps est enterré, et une autre à Guemar. Il en a également établi d'autres à Biskra, Skikda et Ouargla. Peut-on avoir une idée du nombre d'adeptes que compte votre zaouïa aujourd'hui ? Nous comptons environ 500 moqadem (maîtres) dans la seule wilaya d'El Oued. Nos adeptes et nos khouan se comptent par milliers. Notre confrérie est, Dieu merci, en bonne santé et elle a un fort ancrage dans la société. Quel rôle jouent les zaouïas auprès des jeunes face à « l'Islam djihadiste » ? Il convient d'emblée de préciser que la religion est une. Il n'y a pas d'Islam canonique et d'Islam wahhabite ou autre. Pour moi, ces gens qui se réclament de la « salafiya », je les appellerais plutôt des « khawaridj ». Ce sont des extrémistes. Ils ne croient pas au dialogue. Ils veulent à tout prix imposer leur loi. Et notre religion ne dit pas cela. Nous sommes avant tout malékites et notre doctrine stipule que « obéir à un gouverneur qui a dévié du droit chemin est encore préférable à une fitna (discorde) au sein du peuple ». Ces gens-là ont touché le peuple algérien dans ce qu'il a de plus sensible : sa religion. L'Islam incite à faire le bien, à réconcilier les gens. C'est une religion de tolérance, d'amour, de paix et de fraternité. Les jeunes reviennent-ils vers la pensée soufie ? Les jeunes aujourd'hui sont très éveillés et ont une vaste culture. C'est l'ère de la mondialisation comme on dit. Il y a une grande affluence vers les zaouïas. Quand nous organisons des fêtes religieuses, cela attire une foule de jeunes. Ils font les veillées avec nous, participent à nos réunions, nous aident dans l'organisation de nos cérémonies, à la fois matériellement et moralement. Depuis que nous avons ouvert les yeux, nous avons trouvé nos parents musulmans, parfaitement imprégnés des valeurs de l'Islam et accomplissant ses rites. Nous n'avons pas besoin de nouvelles « foutouhate » ni d'une nouvelle conquête.