Les mélomanes de Ghardaïa ont été gratifiés, mercredi dernier, à la salle de cinéma Mzab, d'une subliminale prestation exécutée par l'Orchestre symphonique national, sous la direction du maestro Rachid Saouli, éminent musicologue et compositeur émérite. En parfait connaisseur, le public assez nombreux et enchanté de se retrouver dans une ambiance conviviale a su apprécier les différentes compositions et rythmes veloutés de la musique universelle, dont l'orchestre, magnifiquement et harmonieusement composé d'une quarantaine de musiciens entre violons, altos, celtos, contrebasses, flûtes, hautbois, clarinettes, basson, cor, de trompette, trombone, timbalier et percussion, les a gratifiés. Le tempo est donné, comme entrée en matière, par l'exécution de Barbier de Séville de l'inénarrable Rossini. Un extrait du Lac des Cygnes de Tchaïkovski, suivi du n°1 de Carmen de G. Bizet, n'ont pu retenir les applaudissements du public, émerveillé par tant de virtuosité et de parfaite synchronisation. Le jeu harmonieux de l'orchestre dénote un long apprentissage et une parfaite maîtrise dans l'exécution et l'interprétation de son répertoire constitué, surtout, d'œuvres symphoniques de compositeurs universels. La touche des grandes écoles se distingue par cette infinie discrétion qu'appréciera le mélomane averti comme le néophyte, tant elle coule dans le jeu avec une harmonie qui n'a d'égale que sa beauté. Billeh y a Hamami constituera le fil d'Ariane de quelques arrangements musicaux réalisés par Rachid Saouli, enchaîné par un Chehlet Laayani suivi de Bakhta et de Hizia. Le public subjugué et manifestement connaisseur dans sa grande majorité suit l'exécution de la prestation artistique dans un silence quasi-religieux. Mais il se trouve, malheureusement, des énergumènes n'ayant aucun civisme ou sens de la bienséance qui ne se gênent nullement de discuter et même de rire aux éclats, dans l'irrespect total de l'art et d'autrui. Heureusement qu'une prestation de trompette, d'un morceau de R. Gadjiev, magistralement exécuté par le soliste Hacène Lounis, forcera l'admiration et imposera le silence aux plus incivils. Et comme toute chose a une fin, Yemma Gouraya, dont le temps soutenu reconquiert l'attention générale clôturera la représentation. Mais c'était sans compter le public qui ne l'entendait pas de cette oreille et qui le démontrera par une longue standing ovation. Les mélomanes de Ghardaïa se souviendront longtemps de cette mémorable soirée. C'était l'un des plus grands succès culturels que la wilaya de Ghardaïa a eu à enregistrer, après le passage inoubliable, il y a un mois de cela, de l'Ensemble national de musique andalouse sous la baguette de Rachid Guerbas.