Sur 637 cas de sida déclarés à l'échelle nationale, 442 malades sont des femmes et la plupart ont été diagnostiqués suite à des contrôles de routine lors d'examens médicaux ordinaires, de consultations médicales ou d'analyses de laboratoires. Les chiffres montrent qu'en plus des 637 cas déclarés, on fait état de 1 637 séropositifs. Même si notre pays est considéré comme un pays à faible prévalence, il est utile de signaler que la maladie se propage de façon alarmante. En l'espace de trois ans seulement, une propagation de l'ordre de 45% a été enregistrée en ce qui concerne le sida et un taux de 47% pour la séropositivité. Au niveau d'Oran, le centre de transfusion sanguine (CTS) a diagnostiqué, depuis le début de l'année, 43 nouveaux cas de sida lors de contrôles sanguins ordinaires effectués sur 22 565 dons. La maladie de la honte Le service infectieux d'Oran, pour sa part, a enregistré 75 nouveaux cas depuis le début de l'année, dont cinq ressortissants de pays africains. Le même service prend en charge, au niveau du suivi médical, 200 malades, depuis des années. Douze décès des suites de cette pathologie ont été enregistrés depuis le début de l'année. Il est également fait état que 85% des malades déclarés sont des jeunes dont la tranche d'âge oscille entre 20 et 49 ans. Selon une source proche du service infectieux du CHU d'Oran, « le sida est considéré comme la maladie de la honte. Les personnes qui se savent séropositives n'osent pas, par pudeur, entreprendre les soins nécessaires. Les malades qui séjournent au niveau du service sont en phase finale de la maladie. C'est le cas d'une jeune fille ne dépassant pas une vingtaine d'années qui se retrouve aveugle et sourde et perd peu à peu même la raison. » L'on saura, par ailleurs, qu'une fois la maladie diagnostiquée, les résultats doivent obligatoirement être confirmés par l'institut Pasteur d'Alger. Un code et un numéro d'identification sont octroyés au malade qui sera ainsi suivi médicalement et pourra bénéficier gratuitement de la prise en charge médicale dont le traitement est hors de prix. « Fichés comme les prisonniers », c'est le sentiment qui règne chez la plupart d'entre eux. En plus des sous-entendus que cette pathologie véhicule, notamment sur le plan social, le doute s'installe rapidement. En plus de la terreur qu'ils vivent à cause de la maladie elle-même, les malades sont abandonnés et ne bénéficient d'aucun soutien. Souvent, les familles les renient de peur des qu'en-dira-t-on. Selon des infirmiers du service, « les familles disparaissent carrément de la vie du malade une fois le diagnostic confirmé. » Abandonnés par tous C'est le cas d'un des malades dont l'épouse a brutalement changé de résidence et n'a plus donné signe de vie. Certaines familles disent qu'elles auraient préféré savoir leurs proches atteints du cancer plutôt que du sida. La situation est taboue ; avoir le sida rime avec la dépravation même si certains malades ont contracté la maladie par la contamination chez un coiffeur dont les lames de rasoir ne sont pas stérilisées ou chez un dentiste. D'ailleurs, on fait état d'un malade, aujourd'hui décédé, qui a contracté la maladie chez un dermatologue. D'autre part, on apprendra qu'une association de malades du sida est sur le point d'être créée. Elle n'attend qu'une réponse de la wilaya pour commencer ses activités.