Dans la génération actuelle d'écrivains libanais, les femmes tiennent une belle part. Les nouvelles écrivaines ont pris le relais des figures de proue comme Andrée Chedid ou Venus Khoury-Ghata qui ont fait connaître l'écriture féminine libanaise dans le monde. Parmi elles, Alawiya Sobh dont l'œuvre répond aux palpitations de la société libanaise, livrée aux affrontements géopolitiques larvés ou ouverts, comme aux interrogations de la génération née durant ou après la guerre civile. Pour porter l'univers immense de son petit pays, Alawiya Sobh se concentre sur la condition féminine au Liban et, par extension, dans l'ensemble du Monde arabe. C'est avec Maryam ou le passé décomposé que cette écrivaine, née en 1955 à Beyrouth, a établi sa réputation. L'édition originale sous le titre de Maryam oual hikaya remonte à 2002 et se présente comme une longue fresque humaine depuis 1948, date de la création de l'Etat d'Israël, jusqu'à la fin de la guerre civile. Un fil conducteur traverse les événements historiques et les bouleversements socioculturels, l'histoire de quatre jeunes femmes, Maryam, Ibtissem, Yasmine et Alawiya (romancière dans le roman), qui, en deux décennies, vont passer de l'enthousiasme et de la détermination à changer leur pays aux pires désillusions. Au cœur de cette régression, se trouve la condition des femmes que l'auteure décrit de manière magistrale, impitoyable même. Elle y aborde sans fard la vie sexuelle, battant en brèche le monopole des hommes sur cette question, et s'exposant ainsi au courroux des conservateurs. L'érotisme de Maryam ou le passé décomposé, qui n'est qu'un aspect d'une description générale de la vie, a entrainé son interdiction dans plusieurs pays du Golfe et son retrait du Salon du Livre du Caire. Ces limitations n'ont pas empêché le roman de connaître une grande popularité dans le monde arabe et d'autres régions du monde où les traductions s'annoncent prometteuses. L'ouvrage a été traduit en français en 2007 (Ed. Gallimard, Paris). Entre-temps, l'écrivaine a sorti un autre roman intitulé Dounia et publié en 2006 (Ed. Dar Al Adab, Beyrouth). Ce roman a été distingué par le Prix du Sultan Qabous à Oman. Alawiya Sobh a étudié les langues et littératures arabe et anglaise à l'Université de Beyrouth. Enseignante au début de sa vie professionnelle, elle a à publié des articles et des nouvelles dans la presse libanaise et notamment le quotidien An Nahar. Actuellement, elle est rédactrice en chef du magazine féminin Snob El Hasna qui tire à 100 000 exemplaires et l'écriture littéraire a pris désormais pour elle une importance de premier plan.