Cette fin d'année 2004 serait-elle annonciatrice d'un 2005 culturel à Annaba ? C'est ce qu'espèrent en tous les cas beaucoup de jeunes filles et garçons intéressés par cette activité. D'autant plus que, confronté à une grève perlée de ses travailleurs et comédiens, le théâtre Azzedine Medjoubi est depuis plusieurs mois en panne d'idées. Ces espoirs convergent vers les recommandations issues de la récente réunion des élus de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), des hommes et des femmes de culture. Espoirs d'autant légitimes quand ont sait que, malgré quelques actions de replâtrage, la culture à Annaba est véritablement à l'agonie. A l'exception des sorties estivales, ramdhanesques et du club du jeudi, il n' y a rien d'autre tout au long de l'année. Particulièrement dans le domaine de la création artistique qui a disparu. Plusieurs mois après le lancement des travaux pour sa réfection, le palais de la culture Mohamed Boudiaf n'est pas près de rouvrir ses portes. Déjà vidé de sa substance avec la suppression des kiosques, du hall de vernissage et de la cafétéria, ce palais « du désespoir culturel », ajoute un plus à la médiocrité culturelle. Avec leur talent et leur spontanéité, ces jeunes et moins jeunes désespéraient d'exprimer leur immense talent à travers de multiples registres. Certains, ils sont rares, sont arrivés à le faire sous d'autres cieux durant l'Année de l'Algérie en France. L'artiste Bachir Belounis, l'un d'entre eux, en est mort. Fraîchement opéré, il n'avait pas hésité à traverser la Méditerranée pour présenter ses créations. Il est décédé à St- Etienne (France) sur le lieu même où il les exposait. C'est dire toute l'appréhension qui assaille les jeunes plasticiens, musiciens, chanteurs, danseurs classiques, stylistes en herbe, comédiens, vidéastes... Au contact des gens de la presse, face au théâtre Azzedine Medjoubi, au Palais de la culture, de passage devant les bibliothèques, la Cinémathèque, les salles de spectacles, maisons de jeunes, ces jeunes extériorisent enthousiasme et regret. Ces derniers sont nourris par leur volonté de faire passer toute leur générosité, leurs émotions et leurs aspirations au détour d'un coup de pinceau, d'une note de musique, d'une parole de chanson et au fil d'un dialogue de pièce théâtrale. Ils placent leur espoir en les décisions des membres de la commission de la culture de l'APW. La réflexion élargie engagée récemment devrait donner un nouvel éclairage sur les merveilles culturelles insoupçonnées que renferme Annaba. Malheureusement, la plupart de ces merveilles n'ont pas été prises en considération lors de l'élaboration du bilan des activités de la commune de Annaba. Dans ce bilan, le maire n'avait fait qu'effleurer le dossier culturel. Ce qui n'était pas l'avis de bon nombre de participants à la rencontre wali-exécutif de wilaya-APC. Tous ont implicitement souligné que la culture conduit de façon significative à une bonne insertion dans la société. C'est apparemment la même constatation à laquelle sont arrivés les membres de la commission de la culture de l'APW de Annaba. Ils ont aussi reconnu qu'il existe une soif de culture chez les populations de Annaba tout âges et sexes confondus. Ce qui a amené certains d'entre eux à conclure à une passivité des décideurs à prendre en charge cette soif et à l'épancher. Ce constat, cette évidence et cet avis sont à l'origine de la décision de la commission de ne plus se passer des associations et hommes de culture dans l'élaboration de son programme annuel des activités culturelles. Cette démarche a été interprétée comme étant une manière de l'APW de se démarquer des insuffisances dans la gestion de ce dossier durant ces dernières années.