Nous étions tranquillisés lorsque nous avions compris que nous n'avions rien à craindre de nos ravisseurs. J'ai eu le sentiment qu'il s'agissait d'un groupe appartenant à la résistance nationale contre l'occupation étrangère », a indiqué Mohamed El Djoundi, l'otage syrien libéré récemment par l'armée américaine à Falloujah, en Irak. Mohamed El Djoundi avait été enlevé avec les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot le 20 août dernier et qui, eux, sont toujours retenus en otages. « Deux jours après notre enlèvement, nous avons été filmés. Ils nous ont remboursé les objets que nous avions perdus, nous ont rendu nos passeports. Ils étaient très amicaux. Ils nous avaient dit que notre problème serait réglé dans deux ou trois jours. On était optimistes, car on n'était pas avec un groupe qui nous voulait du mal, sans raison. Après, je n'avais plus de contact avec le monde extérieur, sauf à la moitié de notre enlèvement quand un gardien est venu me dire : “Vos amis vont être libérés dans quelques heures en Syrie, ensuite votre tour viendra.” J'ai été séparé de Christian et de Georges quinze jours après notre enlèvement. » Les questions pleuvent, les journalistes - une centaine, tous organes confondus, français et internationaux - veulent savoir, comprendre. Mohamed El Djoundi affirme qu'il n'était ni le chauffeur ni l'interprète des deux journalistes français, mais leur ami. Il a connu les deux journalistes au lendemain de la chute de Baghdad. « Ils étaient en compagnie d'un ami belge. » « Ils étaient intéressés, comme tous les journalistes, par la question de savoir comment Baghdad était tombée. Je les ai aidés. J'avais des relations dans le précédent régime irakien, parmi des civils et des militaires. » Mohamed El Djoundi, d'origine syrienne, vit en Irak depuis trente ans, où il avait le statut de réfugié politique. Répondant à une question d'un journaliste de La Voix de l'Amérique qui lui demandait s'il était membre du parti Baâth et si son père était un diplomate, il répond par l'affirmative pour la première question. « Je suis de tendance nationaliste arabe. » Et il ajoute que son père était militaire. Quel grade avait-il ? insiste le journaliste : « Il n'avait pas de grade, mais il travaillait au service de renseignements. » Du récit de Mohamed El Djoundi, il ressort que son enlèvement et celui de ses deux amis journalistes français, ont été réalisés par un groupe qui les a remis à un second groupe. Mohamed El Djoundi n'a jamais vu le visage de ses gardiens. Ces derniers avaient le visage couvert. « Ceux qui étaient nos gardiens n'avaient rien à voir avec la décision politique du groupe qui nous détenait », précise-t-il.Les Américains vous ont-ils débriefé ? Mohamed El Djoundi répond que les Américains l'ont interrogé pendant deux heures, l'ont conduit à l'hôpital où il est resté deux jours sans recevoir aucun soin, puis l'ont transféré dans un camp de Falloujah. « Je ne comprends pas pourquoi les Américains ont mis une semaine pour me libérer. » Pourquoi n'avez-vous pas rejoint, dès votre libération, l'ambassade de France ? « J'ai rejoint l'ambassade de France dans les trente minutes de mon arrivée à Baghdad. L'armée américaine m'avait libéré dans une localité du nom de Saklaouiyé, en même temps qu'une des prisonniers irakiens. Nous avons passé la nuit chez l'habitant. Là, en regardant la télévision, j'ai vu que l'ambassade de France cherchait à entrer en contact avec moi. Nous avons rejoint le lendemain par nos propres moyens Baghdad. En arrivant chez un ami à Baghdad, j'ai reçu un coup de fil de mon beau-frère à Paris. Il me disait qu'il me fallait rejoindre au plus tôt l'ambassade de France. Ce que j'ai fait. » Mohamed El Djoundi affirme : « J'ai l'impression que la situation de Christian et de Georges n'est pas mauvaise. Nous pouvons espérer les voir bientôt. »