Jeudi, la Coupole était réservée aux seules femmes pour un gala animé par le chanteur libanais, Assi Hilani. Quelques rares hommes étaient pourtant là, mais en retrait ,avant qu'ils ne soient « sommés » de s'éclipser totalement, laissant les femmes prendre possession de l'espace. A mesure que le spectacle avançait, les langues se déliaient, mettant à mal les préjugés qui collent au deuxième sexe comme autant de tabous. Les thèmes de la femme, dont celui qui lui est souvent associé c'est à dire l'amour, ont trouvé leur place, loin de tous les préjugés qui font que la femme est ce qu'elle est : c'est-à-dire soumise au diktat de l'homme. La star libanaise, Assi Hilani, est aimé, de toutes ces femmes qui reprenaient en chœur ses tubes. Des succès, et pas seulement musicaux, il en compte plusieurs. Ses chansons sont reprises par un public, pour une fois exclusivement féminin. Se « jouer des règles » a été la loi dans un espace où la communion fut réelle. Les tubes, qui ont fait connaître l'enfant de Baâlbeck, étaient sur toutes les lèvres. Le chanteur, à la voix quelque peu rauque, n'hésitait pas à tendre son micro vers son public. Rien ne semblait arrêter son ardeur, pas même les intermèdes que s'offrait le chanteur, un peu fatigué par son voyage qui l'a ramené de la lointaine Australie. Des fans brandissaient des drapeaux libanais et même ceux à l'effigie du Parti de Dieu. Assi Hilani n'a pas manqué aussi de faire quelques pas de danse de temps en temps. Le rythme était soutenu par un percussionniste maniant son t'bal avec virtuosité. Tout ce qui est originaire de la montagne était sur scène et rien de ce qui fait la différence avec les autres régions du pays du Cèdre ne fut négligé. Assi Hilani a terminé le spectacle avec Howara, chanson tirée du patrimoine local. « Lui seul a pu l'interpréter, tous s'y sont essayés, mais n'y sont toujours pas parvenus », assure solennellement Salwa, 26 ans, complètement sous le charme et qui connaît presque tout son répertoire. Du studio El Fan, où il fut découvert par ses aînés, que de chemin parcouru par la star. Il se fera connaître hors du Liban avec Wana marek mareet, sorti en 1994. Il a fait ses études à l'Ecole de musique durant plus de cinq ans. Ce chanteur, attaché à sa terre, semble faire sa mue. Il n'a plus besoin d'affirmer son appartenance à la montagne, car il a su se faire une place parmi les chanteurs du showbiz. La politique a été également au programme. Assi s'y essaie sans se faire violence. Il affirme ainsi que personne ne peut y échapper, sans paraître lâche dans le Monde arabe. Pour lui, tout Arabe se doit d'être solidaire avec les frères au Liban et à Ghaza. Ce fils de Baâlbeck assure que son pays n'est pas en proie à des conflits confessionnels. Il n'a pas manqué dans le jeu des questions réponses au Sheraton, où il avait animé un concert vendredi dernier, de faire un clin d'œil à ses fans algériens, en déclarant que s'il trouvait un bon texte, il n'hésiterait pas à chanter en arabe algérien, car pour lui « l'essentiel est de supprimer les frontières qui séparent les Arabes ». Par ailleurs, il a tenu à mettre un bémol s'agissant des offres musicales des télés-réalités qui séparent, pour lui, davantage les régions arabes, sans que de véritables chanteurs n'en émergent. « Seule une belle voix peut s'imposer », lance sentencieusement Assi. Celle qu'il possède l'est à coup sûr.