Le décor a quelque peu changé par rapport à celui qui avait prévalu à l'annonce de sa candidature, avec la prédominance du blanc en arrière-plan et l'omniprésence du bleu azur. C'est un show à l'américaine que s'est offert le Président-candidat pour son dernier meeting électoral, hier à la coupole du complexe Mohamed-Boudiaf. Le décor a quelque peu changé par rapport à celui qui avait prévalu à l'annonce de sa candidature, avec la prédominance du blanc en arrière-plan et l'omniprésence du bleu azur. Une quarantaine de mannequins, toutes vêtues de tailleur bleu, siglé Bouteflika, entouraient la scène avant de disparaître juste après l'entrée du candidat. Quatre écrans géants sont déployés autour de la coupole et une dizaine de caméras pour la retransmission en direct du show. Les organisateurs ont fait fort : l'intégralité du show était retransmise en direct sur le site Internet du candidat. Les bus de Tahkout ont bien rempli leur mission en transportant les étudiants, mais aussi les journalistes vers la coupole. Le parking du complexe olympique s'est transformé, pour la circonstance, en une annexe de Tahkout. La salle était pleine à craquer depuis 11 heures du matin, alors que le Président-candidat n'est arrivé qu'à 14h15. Mais les étudiants étaient là en excursion. Ils ne s'ennuyaient pas. Les clips diffusés à tue-tête ont transformé la coupole en une gigantesque discothèque. Le documentaire retraçant le parcours de Abdelaziz Bouteflika, depuis son engagement dans l'ALN, jusqu'à la dernière campagne électorale, a quelque peu refroidi l'ambiance, d'autant plus qu'il a été suivi de la retransmission d'un concert classique. Mais la salle replongera dans le délire lorsque est diffusé le clip de Cheb Mami. C'est à ce moment que le Président-candidat choisit pour faire son entrée triomphale par une porte qui s'ouvre au milieu d'un mur en blanc. La chanson ne s'arrêtera pas et Bouteflika attendra cinq minutes avant d'entamer son discours, appréciant les youyous des femmes et les cris d'encouragement. Juste avant l'entrée en lice du candidat, Samia Benmaghsoula, l'ex-présidente de la Fédération algérienne de natation et actuelle DTN, tailleur blanc, et assise juste en face du Président-candidat, demande aux jeunes d'“écouter sagement le Président”. Elle sera suivie par le nageur Salim Iles qui dira que “nous sommes là pour soutenir le Président pour un troisième mandat”. La coupole a été dédiée aux jeunes, le temps d'un meeting électoral. Pas de trace des dinosaures des partis de l'Alliance. C'est Bouteflika en personne qui aurait donné instruction à ce que son dernier meeting se déroule sans la présence de ces personnalités tellement exposées qu'elles ont fini par susciter un sentiment de rejet. Les rares personnalités à avoir bravé cet interdit se sont fait trop discrètes, à l'image de Abdelkrim Harchaoui, l'ex-ministre des Finances et actuel membre de la direction du RND. Même le directeur de campagne de Bouteflika, Abdelmalek Sellal, s'est fait trop discret, préférant s'asseoir au milieu de la foule des étudiants, loin des regards. Saïd Bouteflika, le véritable chef d'orchestre de la campagne, a fait une entrée furtive, quelques minutes avant l'entrée en lice de son frère, pour apporter les derniers réglages à la machine avant de s'éclipser. Même l'équipe des observateurs de l'UA fera une brève escale dans la coupole, histoire de montrer qu'ils sont là et qu'ils travaillent. Même si tout le monde était badgé, passé au scanner et fouillé, un impressionnant dispositif sécuritaire était déployé à l'intérieur de la salle. Chaque carré, y compris celui des journalistes, était jonché d'agents de la garde présidentielle assis au milieu de la foule. Ils ont eu du pain sur la planche avec toutes ces personnes qui voulaient approcher le Président-candidat et le saluer. Mais les consignes étaient claires : personne ne bouge. Plusieurs jeunes ont été sèchement remis à leur place. Une jeune a fait tout un tapage pour se faire remarquer par le Président, avant d'être éconduite par les gardes du corps, sous les huées de la salle. Commentaire de Bouteflika : “Il y a des jours où je reçois des lettres (de doléances, ndlr). Aujourd'hui, c'est journée close.” Même Mamma Messaouda et Mohamed Lamari, qui avaient crevé le petit écran à une certaine époque, n'ont pas réussi à approcher Bouteflika. Seuls des enfants choisis ont été autorisés à monter embrasser le Président-candidat et immortaliser l'événement. À la fin de son meeting, seuls quelques chanceux ont pu lui serrer la main, dans une indescriptible bousculade. Pour son dernier meeting, le Président-candidat a fait une exception : il a lu son discours. Enfin, presque, puisque pris par l'ambiance festive de la salle et les youyous stridents qui lui plaisaient tant, il a décidé de ranger ses feuilles. “Vous pouvez trouver le discours intégral dans la presse écrite. Laissez-moi parler”, et de ranger ses lunettes et de s'adonner à son jeu préféré : le dialogue populaire, comme pour réaffirmer que “l'Algérie disposait d'infrastructures sportives à même de lui permettre d'organiser deux coupes mondiales”, ou pour répéter que “l'Algérie avait besoin d'une équipe nationale de football”. Azzeddine Bensouiah