Un état des lieux officiel de la santé en Algérie sera bientôt rendu public. L'annonce a été faite, hier lors de l'émission « Questions de l'heure » de la Chaîne III de la radio nationale, par le ministre de la Santé. Mourad Redjimi, qui n'est pas convaincu par le dernier rapport assez négatif de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l'Algérie, est satisfait par le recul de certaines maladies dans le pays. « La poliomyélite a disparu depuis cinq ans. Il n'existe plus ni de paludisme ni de choléra », a-t-il dit. « La peste était, il y a une année, au port d'Oran. Elle ne l'est plus. Il existe une équipe spécialisée contre la peste qui se déplace à travers le pays », a-t-il ajouté. Selon lui, la typhoïde est liée à un problème multisectoriel. La persistance de l'épidémie à Batna est imputable à l'existence de puits non contrôlés. « Si le citoyen était plus vigilant, cette maladie diminuerait de beaucoup », a-t-il dit. Revenant sur l'affaire des treize bébés morts dans un hôpital à Djelfa, Mourad Redjimi a estimé que la responsabilité incombe à tous. « C'était une sonnette d'alarme », a-t-il ajouté. Pourquoi ? Pour prendre en charge, selon lui, la question de la périnatalité. Il a annoncé que le taux de mortalité infantile en Algérie est fixé à 34 pour 1000. Chaque année, les gestionnaires des établissements de santé doivent, selon lui, se remettre à niveau à travers des formations. Le ministre n'a pas voulu s'étaler sur les changements opérés dernièrement dans certaines structures hospitalières. « C'est un problème d'organisation. Je ne veux pas accabler les gens qui ont commis des erreurs ou une mauvaise gestion. Qui mieux que la justice décide pour nous », a déclaré M. Redjimi qui a plaidé pour le système de contractualisation à mettre en place (il doit être opérationnel à partir de 2005). A ses yeux, le système du budget national global pour la santé est archaïque. « Il aborde les dépenses par l'analyse comptable. Ce que nous avons perdu depuis les années 1970. Le nouveau système va nous amener à identifier ce qu'on doit payer, comment le faire et pour quel résultat. On va de pied ferme vers la contractualisation. Il faut y mettre les outils », a-t-il expliqué. Il ne s'agit pas, selon lui, de la fin de la médecine gratuite. « Le citoyen, qui bénéficie de l'assurance sociale ou de la solidarité nationale, va prépayer les prestations aux hôpitaux. Ceux qui ne sont pas assurés vont payer », a-t-il précisé. Il existe, selon le ministre, un déséquilibre dans le paiement des soins entre le privé et le public. L'argument : la nomenclature des actes pour les hôpitaux de l'Etat date de 1985. « Elle est dépassée », a tranché M. Redjimi. Les dépenses publiques consacrées à la santé avoisinent, selon lui, les 8% du budget annuel de l'Etat. « Cela est suffisant. Il faut savoir dépenser cet argent », a-t-il dit. Il a confirmé que la masse salariale absorbe 70% du budget de la santé. Pas question d'augmenter les indemnités pour l'instant. « L'appétit vient en mangeant », a dit le ministre. Il a critiqué l'activité complémentaire exercée par des médecins et des professeurs des hôpitaux publics (qui pratiquent également dans des structures privées). « C'est un dérapage. Tout le monde se plaint. C'est là où intervient la médecine à deux vitesses. Nous allons réformer cela à travers la nouvelle loi sanitaire. L'activité complémentaire sera exercée, dans les hôpitaux, en dehors des heures de travail », a-t-il indiqué. M. Redjimi est convaincu d'une chose : « Dans la Fonction publique, il faut faire ses huit heures ! ». La loi sanitaire est, d'après ses dires, finalisée. « C'est une loi pour le long terme, elle doit être bien préparée », a-t-il insisté, précisant que les syndicats ont été consultés et ont donné leurs avis. A propos de la crise avec le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), M. Redjimi a indiqué que les accords établis en mars 2004 sont en cours d'application. Les syndicalistes pensent le contraire. Il a souligné que la grève au niveau du secteur de la santé est réglementée. Les responsables du SNPSSP sont actuellement poursuivis en justice pour « grève illimitée ». Il a plaidé pour « un système d'information » afin de cerner la consommation des médicaments et diminuer le gaspillage dans les 288 hôpitaux de l'Etat. La facture d'importation des médicaments pour 2004 ne va pas dépasser les 700 millions de dollars (des sources non officielles avancent le chiffre de 1 milliard de dollars). « Il faut approvisionner les stocks de sécurité qui ont été épuisés lors des dernières catastrophes », a-t-il dit. Plaidant pour la « protection » et la « promotion » de Saïdal, le ministre a indiqué que la marge bénéficiaire des importateurs sera réduite, celle des producteurs nationaux revue à la hausse. « Le premier moyen de promouvoir la consommation du générique est le tarif de référence. Si un médicament coûte 2000 DA et que le générique est cédé à 300 DA, il sera remboursé par la CNAS pour 300 DA », a-t-il dit. Il a annoncé que tous les dialysés sont traités avec des produits fabriqués en Algérie. « Nous produisons plus de 50% des unités de vente (...). Nous avons dépassé les 500 greffes de moelle en Algérie », a-t-il souligné. Il a rappelé avoir interdit l'importation de 129 médicaments afin de « promouvoir » la production nationale.