Deux lotissements à caractère social totalisant plus de 1100 lots attisent les appétits et se trouvent au centre des enjeux majeurs dans la commune de Rouiba. Administration, autorité communale, associations et autres cercles d'influence essaient chacun d'imposer l'issue qu'il juge opportune à ce problème vieux de 17 ans. Les deux lotissements (Cadat et Haouch Rouiba) avaient été lancés en 1989 et concrétisés par la distribution des lots de terrain en 1991 par l'ancienne APC que commandait le FIS dissous. Arguant que la distribution a été entachée d'irrégularité et de favoritisme, les pouvoirs publics ont gelé le dossier juste après l'interdiction du parti islamiste et remis en cause les décisions d'attribution. Mais les associations représentant les bénéficiaires ne l'entendent pas de cette oreille et réclament d'être rétablies dans leurs droits. « Nous sommes de simples citoyens ayant bénéficié d'un droit dans le strict respect des lois de la République. Nous avons formulé des demandes qui ont été satisfaites par l'APC. La délibération 37-89 a été validée par l'administration en date du 18 février 1989 sous le numéro 154. En vertu de quelle loi peut-on la remettre en cause aujourd'hui ? Si c'est pour les soupçons de favoritisme, pourquoi ne procède-t-on au réexamen des dossiers au cas par cas ? Et pourquoi ne remet-on pas en cause les décisions prises par les APC depuis 1962 à ce jour ? Ou est-ce que tout ce qu'ont fait les autres partis, le FLN notamment, depuis l'indépendance est sans reproche ? », déclare un groupe de citoyens. Selon eux, le maire actuel, élu sur la liste FFS, est « disposé à résoudre le problème en maintenant l'attribution de ces lots ». « Il nous a déclaré qu'il ne voit aucun inconvénient à maintenir la même liste puisque l'attribution des terrains a suivi la procédure légale et qu'elle a été validée par les pouvoirs publics », ajoute-t-on. Nos interlocuteurs expliquent qu'il y a des gens dans l'ombre qui tirent les ficelles afin de redistribuer ces terrains et qu'ils en bénéficient. « Suite aux multiples manœuvres, on aurait dégagé un excédent d'une centaine de lots et c'est là tout l'enjeu du blocage semble-t-il », dit un habitant de Rouiba. A préciser que le lotissement Cadat est constitué de 296 lots semi-collectifs et 403 autres lots individuels et le lotissement Haouch Rouiba compte 403 lots. Selon des représentants des attributaires de ces terrains, il y aurait un bras de fer entre le wali délégué de Rouiba et le maire actuel au sujet de ces lotissements. L'élu voudrait en finir avec ce problème qui traîne depuis plus de 15 ans en maintenant la liste établie par ses prédécesseurs et le second en voulant « imposer la décision des pouvoirs publics ». La semaine dernière, le maire a convoqué une réunion entre les membres de l'association des bénéficiaires, les représentants de ses services et de ceux du wali délégué, mais ceux-ci ont boycotté la rencontre. Le représentant local de l'exécutif aurait envoyé une correspondance au P/APC lui signifiant que tout ce qui relève du foncier n'est pas du ressort de l'assemblée communale. Mais le maire ne veut apparemment pas se laisser intimider. « La réunion a été tenue et il a été décidé d'aller jusqu'au bout de la procédure », nous révèlent les citoyens.