Quel rôle peut jouer les associations dans un échiquier sociopolitique déjà suspect? Les participants au séminaire national sur le mouvement associatif à caractère social et hmanitaire, qui s'est tenu au Palais des nations, se sont quittés à l'issue de deux jour de communication sur un sentiment mitigé. Le manque de coordination entre les associations, l'absence d'une stratégie cohérente, le peu d'influence qu'ils ont eu, et ont, sur le cours des événements locaux, ont fait que derrière le discours de consommation, se cache un véritable aveu d'impuissance. Dans un communiqué final, les délégués des associations réunis à Club-des-Pins, ont appelé à la création d'une banque pour le financement des microentreprises et des microcrédits et de prolonger leur contrat préemploi en tant que cycle de formation au profit des jeunes. Comme ils ont souligné leur soutien à la politique nationale visant à promouvoir le mouvement associatif et à lui garantir les moyens nécessaires pour consacrer les principes de citoyenneté et du sens civique. Les recommandations finales du séminaire ont demandé aux pouvoirs publics d'aider à la promotion du mouvement associatif en le dotant d'instruments organisationnels et juridiques qui lui permettraient un meilleur fonctionnement. Un soutien a été apporté au Président de la République, replongeant net le mouvement dans des considérations politiques dont il s'est gardé de porter la marque. Qu'à cela ne tienne: tout un chacun aura compris que rien, absolument rien, dans le mouvement associatif n'a été fait ou ne se fera, sans une visée, une vision ou une teinte politique. Ce n'est pas tant les composants de ce mouvement, qui recèlent de grandes potentialités intellectuelles, qui sont mis en cause, mais la nature même du contexte dans lequel sont nées et se sont développées les associations. C'est toujours pour soutenir un homme ou un parti, pour les cautionner ou s'y opposer, que des organisationssociales, notamment humanitaires ont pris forme. Et là, ce serait encore un truisme de dire que le mouvement associatif peut se détacher, un jour prochain, du vernis politique, qui non seulement l'émaille, mais qui reste un de ses composants de base. A ce stade-là, il serait utile de noter que, pour ses deux jours de communications, le mouvement associatif, réuni en séminaire au Palais des nations, a bénéficié d'un milliard du Trésor public. Il serait encore plus utile de noter qu'entre 1991 et 2001, le mouvement associatif a bénéficié de 8 700 milliards de centimes du Trésor public. Dans le but - légitime, celui-là - d'impliquer le mouvement associatif dans le contrôle et la gestion de la cité, les autorités ont consenti toutes les facilités. Des locaux ont été affectés au niveau local à des associations, et des privilèges assez spéciaux ont été offerts par les élus communaux à ces associations, qui ont élu domicile dans les maisons de jeunes, les centres de formation et à la périphérie du siège de la commune. Les présidents communaux leur mettent à disposition sinon des facilités, du moins des jours de réception, où les délégués de ces mouvements peuvent présenter leurs doléances et proposer des initiatives qui sont très largement prises en ligne de compte, notamment à l'intérieur du pays. A quoi a servi toute cette «batterie associative»? Peut-être à soutenir des candidats politiques, à faire de l'ambiance lors d'échéances électorales ou, peut-être, à appuyer un procédé conjoncturel. Sinon, rien n'a été fait. Durant les années noires du terrorisme, le mouvement associatif a rétréci comme une peau de chagrin et son expansion surfaite réduite à la portion congrue. Aucune influence n'a été constatée sur le cours des choses, aucun poids, aucune assistance, aucun apport, n'ont été établis par des «mouvements houmistes», implantés au coeur même des quartiers, mais sans réelle attache avec les citoyens moyens et les petites gens. Quel rôle l'Etat veut-il donner aujourd'hui au mouvement associatif? Quel rôle peut jouer celui-ci dans un échiquier politique des plus suspects? Finalement, il faut se rendre à l'évidence : peu consistant, à force d'être malaxé, peu opérationnel et peu influent, le mouvement associatif reste une pâte malléable pa des mains peu dextres, mais toujours «politisées».