Cette commune est malade de sa gestion. Des citoyens, bénéficiaires de lots de terrain depuis 1991, n'ont pas encore eu leurs permis de construire. A ce jour, ils ne sont pas près de voir le bout du tunnel ! C'est que depuis cette date, les données ont complètement changé. Ceux qui s'apprêtaient à construire alors, pouvaient facilement le faire au prix de quelques sacrifices. Mais ériger une bâtisse, aujourd'hui, relève, pour eux, tout simplement de l'improbable. Vu le prix des matériaux de construction. Et ce sont les citoyens qui se retrouvent pénalisés par une crise accumulée, voulue par des «gestionnaires» de cette ville. Les concernés sont alors sortis dans la rue pour prendre un grand bol d'air. Criant à l'injustice, hors du gouffre qui s'est imperceptiblement construit autour d'eux. Maintenant, ils ont acquis à leur cause les commerçants de la cité. Et ils annoncent une grève générale pour demain, à Rouiba. Aussi, si un conflit oppose une population aux prises avec une administration qui ne communique pas, c'est surtout en raison de décisions administratives irresponsables. Il est souvent arrivé que des doubles, voire des triples affectations soient consacrées à un même lot de terrain. Pourtant, le Chef du gouvernement a, maintes fois, rappelé que les décisions délivrées par les DEC sont nulles et non avenues. Plus encore, les autorités communales n'ont délégué aucun interlocuteur capable de gagner la confiance des manifestants, pour tirer les choses au clair et apaiser les esprits; d'où une situation bloquée qui peut dégénérer à tout moment. Sachant que beaucoup d'opportunistes se mêlent à la foule. Notons que quatre sites ont été attribués, en 1991, par l'APC de Rouiba. C'est-à-dire 1.400 lots. Deux sites ont été distribués en 1998: celui du lycée et celui d'El-Merdja. Pour les sites Cadat et Haouch Rouiba, les travaux de réalisation sont achevés à 100%, toutefois les autorités communales traînent pour délivrer les permis de construire : pour la simple raison qu'il y a eu magouille sur ces deux sites, affirme un protestataire. Des privilégiés en auraient bénéficié, ajoute-t-il. Des lots auraient même été vendus à El-Merdja et au lycée. Et au prix fort ! Entre 100 et 200 millions. Alors qu'ils ne valaient initialement que quatre millions, nous apprend un habitant de cette localité. Suite à quoi, 150 personnes se sont présentées devant les onze élus de l'APC de Rouiba qui leur ont promis, sur l'honneur, de leur délivrer les fameux permis de construire. Quelles que soient les conséquences et quitte à ce qu'ils aillent en prison, nous informe-t-on. C'est à croire que les responsables de ces opérations seraient sujets à «certaines passions». Une réunion était prévue pour remettre les permis de construire aux intéressés. Celle-ci aurait été bel et bien tenue, mais en présence de trois personnes invitées qui ne représentaient nullement les propriétaires de lots. Résultat: les permis de construire allaient être distribués le dimanche dernier. Ce qui s'est infirmé par la suite. Les contestataires sont déterminés à occuper la rue jusqu'à obtention des certificats de bornage et des permis de construire. «Nos élus nous ont longtemps bernés avec de fausses promesses, nous ne les croyons plus maintenant», scande la foule. Signalons que le P/APC a essayé de contacter ces personnes, lesquelles ont refusé de le «voir» faute des documents exigés. Quatre maires et des permis de construire fantomatiques. En effet, bien que quatre maires soient passés par l'hôtel de ville de Rouiba, la problématique de l'octroi des permis de construire reste constamment posée. Du fait du report perpétuel des décisions afférentes à deux principaux sites: celui de la Cadat, le plus grand puisqu'il regroupe 638 bénéficiaires et celui de Haouch Rouiba qui, bien que viabilisé, reste encore non construit. Ils font le lit de la contestation. En marge des grandes lignes de ce tableau conflictuel, quelques «à-côtés» ajoutent au marasme de la situation: comme ces 80 personnes transférées du lotissement Cadat vers El-Hamiz où il n'y a pas d'assiette de construction. Alors qu'elles existent sur les listes, elles voient leurs «places» attribuées à d'autres. L'extension de la Cadat se voit non finalisée vu que le terrain n'appartient pas à la wilaya. Sans parler des normes d'habitation non respectées ou de la dilapidation de parcelles n'appartenant pas à l'APC comme c'est le cas à El-Merdja où les chemins de fer seraient lésés dans leur propriété. Tout comme le chamboulement de l'ordre d'attribution des lots de terrain. La cerise sur le gâteau serait: «Les lots de terrain construits à l'insu de la population, en face de la Sonacome», Branci I et Branci II. Lots de terrains attribués puis annulés sous certaines pressions et... actuellement en voie d'attribution en «catimini». En un mot, à Rouiba, les postulants au permis de construire ne sont pas au bout de leurs angoisses. Ils ne commencent qu'à réaliser l'étendue du bourbier où les a fourvoyés une administration hasardeuse.