Le groupe public britannique de télévision BBC a lancé, mardi, sa nouvelle chaîne BBC Arabic Television, ciblant – comme on dit en langage quasi guerrier d'action audiovisuelle internationale - l'Afrique du Nord et le Moyen- Orient. Ce lancement intervient les mêmes temps où la concurrente puissance française peaufine l'organisation de son nouveau dispositif France Monde. Modestement déclinée pour la phase de démarrage, la grille de la nouvelle chaîne est d'une durée de 12 heures par jour. Avant de monter, cet été même, à 24 heures. Cette nouvelle entreprise est activée à partir d'une expérience précédente diffusée entre 1994 et 1996, de l'expérience de la radio BBC Arabic, et des moyens importants de BBC World Service. Ce consortium public vient d'être restructuré ; et s'est désengagé de l'action audiovisuelle menée en direction des pays de l'Est de l'Europe. La nouvelle entreprise de télévision innove technologiquement par son inscription du projet du groupe portant « tri - media », mettant en synergie l'Internet, la radio et la télévision. Le dispositif conforte le développement de l'interactivité, objectif vital recherché par les médias du monde. BBC Arabic Television peut compter déjà sur les ressources d'auditoires fidélisées par la radio BBC Arabic, créditée de 13 millions d'auditeurs. Cette radio, créée e 1938, est la pionnière des services en langues étrangères de la BBC. Ambition déclarée, BBC Arabic Television veut toucher 20 millions de téléspectateurs par semaine d'ici l'an 2010. Hors les chaînes occidentales arrosant la région, elle se trouvera en concurrence notamment avec les télés El qatarie Djazira et saoudienne El Arabya. Le budget de l'entreprise est fixé à hauteur de 19 millions de livres (33 millions d'euros), avant de monter à 25 millions de livres pour sa diffusion à 24H/ jour. Elle n'aura pas recours à la ressource de publicité. Son transport satellitaire est confié à trois opérateurs : Arabsat, Eutelsat et Nilesat.Dans une conférence de presse, Nigel Chapman, directeur de BBC World Service a affirmé : « Le monde arabe est un marché qui est demandeur d'informations. C'est une zone qui se passionne pour l'information, les débats, la discussion. Nous pensons que ne pas développer un service télévisé empêcherait la BBC d'élargir son audience. Sans une présence avec une télévision en arabe, la BBC court le risque de toujours arriver en second derrière d'autres sources télévisées, malgré la qualité de nos offres en radio et dans les autres médias ». L'atout de son groupe est, selon lui, « l'indépendance éditoriale, sa marque distinctive ». De son côté, le directeur de la nouvelle chaîne, Hosam El Sokhari, avance d'autres atouts de réussite : « La BBC a une expérience unique pour fournir les histoires clés de la région et du monde à une audience arabe. Et parce que le BBC World Service a une perspective authentiquement internationale, il est aussi le mieux placé pour présenter les points de vue, les questions clés et la vie réelle de nos auditeurs arabes à une audience plus globale. » Des réalités donnent caution aux propos des dirigeants sur la qualité des programmes de la BBC. Il en est ainsi d'un évènement, son Showcase, salon annuel de vente des programmes produits par la Beeb, organisé depuis 29 ans. Sa récente édition, f in février, à Brighton dans le Sud de l'Angleterre a drainé quelque 550 acheteurs, provenant de 110 pays et travaillant pour 80 chaînes de télévision. Perçu comme « rendez vous incontournable » par les professionnels, il atteste de la référence du groupe britannique en matière de production. En leçon de ce que service public de télévision veut dire – y compris ce qu'il devrait avoir de sens à travers l'ENTV algérienne -, le responsable de ce salon de programmes note : "A la différence des autres services publics européens, et notamment la France, la BBC, qui est entièrement financée par la redevance et qui vit sans la publicité, a une visibilité financière sur cinq ans garantie par les dotations de l'Etat. C'est un atout majeur qui permet une grande liberté éditoriale et surtout de produire la plupart de nos programmes en interne. Si nous n'avions plus cette liberté, il y a longtemps que le Showcase de Brighton aurait disparu."
