Alors que pour le président du Conseil national consultatif pour la PME, les différents programmes lancés ont donné de « bons résultats », M. Temmar considère qu'il est urgent de reconstruire un nouveau plan de mise à niveau des entreprises. Les opérateurs économiques doivent cesser de critiquer le gouvernement », a déclaré une nouvelle fois hier le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar. Une déclaration faite lors de la journée d'étude sur la mise à niveau tenue à Alger et qui a fait sortir de leurs gonds bon nombre d'opérateurs économiques et privés, qui dans leur ensemble reprochent au gouvernement un manque de vision et de cohésion dans la mise en œuvre des réformes économiques. S'agissant de mise à niveau des entreprises, c'était plutôt le mythe de la cohésion et de l'efficacité gouvernementales qui en a pris un coup encore une fois hier. En effet, le département de Temmar qui a organisé hier la journée d'étude a relevé les faiblesses des résultats obtenus des différents programmes lancés auparavant, dont celui chapeauté par le ministère de la PME et de l'Artisanat. Pour M. Temmar, il est urgent de reconstruire un nouveau plan de mise à niveau des entreprises. Un plan présenté comme un élément important de la nouvelle stratégie industrielle chère à son département et qui sera prise en charge par l'Etat et les entreprises. Deux ateliers ont été chargés de présenter les recommandations relatives aux politiques incitatives et le cadre institutionnel adéquat et qui serviront, dira M.Temmar, de base à tout programme futur. « Une fois notre vision arrêtée et les recommandations faites, tout le monde peut venir faire de la mise à niveau, Union européenne, Banque mondiale et autres, mais selon notre vision », a-t-il tenu à préciser. Des déclarations qui ont donné de l'urticaire à Zaïm Bensaci, président du conseil national consultatif pour la PME, pour qui le programme de mise à niveau déjà engagé par le ministère de la PME et de l'Artisanat a donné de « bons résultats ». Et d'asséner : « Il y a un ministre qui a fait quelque chose (allusion à Mustapha Benbada) et un autre qui fait de la théorie (Temmar). » Plaidant pour la création d'un organe de coordination de tous les programmes de mise à niveau, M.Bensaci, qui a présidé la commission de mise à niveau lors de l'élaboration de la nouvelle stratégie industrielle, a indiqué que la recommandation ayant trait à l'inclusion des entreprises en difficulté financière a été supprimée du document final alors qu'elle a été adoptée en plénière. Zaïm Bensaci s'est dit « outré » par la tournure prise par les événements. « On initie un nouveau programme alors que des programmes de mise à niveau sont en cours. Si on n'arrête pas de chahuter cette mise à niveau, il n'y aura jamais de bons résultats », a-t-il tenu à préciser. De son côté, Olivier De Velp, qui pilote le programme de mise à niveau ED PME au niveau du ministère de la PME et de l'Artisanat, s'est refusé à tout commentaire se contenant de dire : « Il faut créer une coordination très forte mais le problème concerne le gouvernement algérien. » Pour sa part, le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Boualem M'rakech, trouve que toutes les dispositions prises précédemment « n'ont pas donné les résultats escomptés ». Revendiquant une réelle prise en charge par les pouvoirs publics de la question de la mise à niveau, M.M'rakech dit ne pas comprendre les réticences des banques pour la demande d'une bonification, telle que demandée par les patrons lors de l'accord signé pour la mise à niveau des 1500 entreprises dans le cadre ED PME. Et d'ajouter : « Ailleurs, c'est le Trésor public qui finance la mise à niveau. » S'appuyant sur les expériences marocaine et tunisienne, le président de la CAP estime que l'ouverture économique de l'Algérie n'est pas maîtrisée et devait, de ce fait, s'accompagner de mesures d'accompagnement pour les entreprises. Abordant les critiques itératives de M.Temmar à l'encontre des opérateurs économiques, M.M'rakech dit ne pas comprendre de telles déclarations, non sans préciser que « durant les cinq dernières années, nous avons tenu plusieurs rencontres avec les pouvoirs publics dans le cadre de la tripartite qui ont été sanctionnées par la conclusion du pacte économique et social ». Et de s'interroger : « Comment dire alors que c'est la faute aux entrepreneurs ? »