La récente restructuration des capitaux marchands de l'Etat qui a fini par donner aux départements sectoriels la présidence des sociétés de gestion des participations (SGP) en place du département de l'industrie et de la promotion de l'investissement que gère Abdelhamid Temmar n'est pas le fond du débat, a souligné hier Dr Abdelatif Benachenhou. Pour cet ancien ministre des Finances et conseiller du président de la République sur les questions économiques, « qui gère quoi est une question secondaire ». La principale préoccupation que devrait avoir le gouvernement est de tracer « une feuille de route aux SGP, notamment à leurs responsables, pour qu'ils sachent dans quelle direction conduire les entreprises à leur charge ». De l'aveu même de l'ancien ministre, cette feuille de route reste à « construire ». Question liée en partie au mode de fonctionnement des SGP, Abdelatif Benachenhou, que nous avons rencontré en marge du séminaire sur la « Globalisation : défis et opportunités pour les institutions financières maghrébines », organisé par l'Institute of International Finance (IIF) et la Banque d'Algérie, a abordé le processus de privatisation en cours. Tout en soulignant que « la privatisation est inévitable », notre interlocuteur s'est montré plutôt contre la méthodologie jusque-là en vigueur. « La question, soutient-il, n'est pas dans la programmation ou le listing des entreprises à privatiser. Il faut comprendre que la privatisation est une question d'opportunités. » « Il faut accélérer les réformes » En d'autres termes, dira-t-il, « on ne peut pas planifier la privatisation ». Il ne manquera pas, par ailleurs, de revenir sur l'arrêt du processus d'ouverture de capital du Crédit populaire d'Algérie (CPA). « Il faut parler en toute franchise et je suis responsable de ce que j'avance : le problème le plus important qui s'est posé au gouvernement est le retrait de la Citibank », a révélé l'ancien ministre des Finances qui avait déjà en son temps tenté une première privatisation du CPA. « Quand cette banque s'est retirée suite à son affectation par la crise des subprimes, poursuit notre interlocuteur, nous nous sommes retrouvés avec des banques issues d'une seule nationalité. » Tout en espérant que « Citibank revienne dans la course », Abdelatif Benachenhou subordonne toute relance du processus par la santé qu'afficheraient les comptes des groupes bancaires engagés sur ces deux premiers trimestres. Le futur repreneur de la banque publique sera celui qui convaincra de sa capacité à participer au financement de l'économie nationale. Une question qui a accaparé la majeure partie des travaux du séminaire, tenu à huis clos. D'après Dr Benachenhou, qui participait en sa qualité d'expert, « la majorité des banques étrangères ne s'intéresse pas beaucoup au financement de l'investissement ». Celles-ci se justifient du manque de transparence des opérateurs économiques qui se présentent devant eux, rapporte l'ancien ministre des Finances qui partage ce constat ainsi que celui imputant une partie de la responsabilité au non-parachèvement des réformes économiques. Ce qui n'est pas entièrement vrai ni faux, selon cet expert. « Je dirais que les réformes économiques sont en marche mais nous pouvons dire, par contre, qu'il faut accélérer le rythme de réforme », souligne-t-il. « Maintenant, il ne faut pas rester statique à s'observer », estime encore M.Benachenhou. Durant le débat, dit-il, de nombreux intervenants étrangers ont conseillé d'ouvrir une partie du capital de Sonatrach à l'actionnariat grand public pour redynamiser la bourse d'Alger. Ce à quoi il rétorquera : « Allez-y d'abord vous, opérateurs étrangers, ouvrir une partie de votre capital social à travers la bourse et partager une partie de vos profits avec les Algériens. » Il proposera à ce titre à ce que les opérateurs ayant prospéré grâce au marché algérien dans les secteurs de la sidérurgie, de la téléphonie, du ciment, de l'huile, du sucre… s'ouvrent sur la bourse.