Lauréat du grand prix artistique de l'Algérie et pensionnaire de la Casa Velasquez à Madrid dans les années 1950, Mohamed Bouzid s'est illustré par des œuvres où l'usage de plusieurs couleurs, l'effet des lumières donnent aux formes structurées ou superposées et les perspectives tons et mouvements. Les compositions de Bouzid n'obéissent pas aux techniques d'aplat. Les formes sont mises en valeur. La lumière et les mouvements polychromes se chevauchent pour refléter des volumes éblouissants, obscurs, éclatants et éclatés. Les paysages avec ce qui les compose, ainsi que les figures se sustentent d'une âme discrète. Une nature intériorisée que le pinceau met en mouvement et rythme aux contrastes chromatiques, avec ce souci d'une dimension esthétique chatoyante ou ombrageuse sans pour autant agresser le regard. Bouzid travaille sa peinture dans cette intention de créer des atmosphères. Ses sujets sont inspirés pour la majorité de la nature et des scènes de vie. Cependant, il ne les saisit pas comme tels pour ensuite les fixer sur sa toile. Il les intériorise, les pétrit et leur insuffle tons et mouvements pour qu'ils ne restent pas figés une fois la composition achevée. Sachant que l'art, c'est aussi une vision. Une vision qui ne peut s'accomplir sans sensibilité et une quête de l'insaisissable. Pour Bouzid, le sujet est un prétexte pour produire une façon de voir, d'apprécier, d'interpréter. Notons que Mohamed Bouzid est né le 12 décembre 1929 à Lakhdaria. Major de promotion à l'Ecole normale de Bouzaréah à Alger en 1950, il enseigne jusqu'en 1953 pour ensuite changer de vocation. A savoir, devenir artiste-peintre. Durant la période coloniale, il se signale dans plusieurs expositions collectives. A titre d'exemple, en janvier 1956, il prend part avec Choukri Mesli et Bachir Yellès à une exposition collective organisée à Alger, par Edmond Charlot sous le thème « Introduction à la jeune peinture ». En juillet de la même année, il participe avec Choukri Mesli à une exposition de groupe organisée au hall du Maurétania à Alger. Par la suite, il est présent dans des expositions organisées à l'étranger (France, Belgique, Etats-Unis). Après l'indépendance, il poursuit son activité plastique et participe à plusieurs expositions en Algérie et à l'étranger. Il réalise aussi des peintures murales comme celles de l'Ecole polytechnique d'El Harrach à Alger, et des séries picturales, entre autres, à l'usine Comet à Malines en Belgique. Il est aussi sollicité pour les conceptions de décors et de costumes pour des films, le théâtre et des émissions de télévision. En 1972, l'écrivain Malek Haddad écrivit à propos de Bouzid : « Chroniqueur des couleurs et du mouvement, il donne du génie aux paysages et du talent à nos regards : la terre rouge ouverte aux incendies de gloire, la gravité pudique d'un olivier-prophète, le village enchâssé dans sa méditation, la gamine aux jasmins qui cueille des étoiles, le cheval solennel sur les chemins de l'au-delà, la moisson qui répare au ciel une injustice, ou l'oiseau qui paraphe le livre d'or d'un soir d'été… A l'affût des lumières qui décident du réel et coulent avec la vie dans sa fulgurante possession du monde, la somptueuse simplicité de son écriture, Mohamed Bouzid, magicien de légende et témoin scrupuleux, est maître des crépuscules et des aurores. »