Qui aurait pu prédire, il y a un peu plus de vingt ans, que la petite agglomération de Bir Ouanès, située à 7 km à l'ouest de Aïn Beïda, allait jouer un rôle prépondérant dans le commerce des voitures d'occasion et même celles neuves ? Au tout début de sa création, c'est-à-dire dans les années 1980, le marché de Bir Ouanès ne rassemblait, bon an, mal an, qu'une centaine de véhicules. Au fil des années, le marché a pris de l'envergure jusqu'à devenir régional de par la réputation qu'il a prise. Aujourd'hui, vendeurs et acheteurs y viennent de partout. Vendredi 14 mars, le marché est plein comme un œuf. A l'entrée et à la sortie de l'agglomération, des gendarmes réglementent la circulation. Les environs immédiats de Bir Ouanès sont occupés par des voitures. Les propriétaires de ces véhicules, garés aux abords du marché, sont, pour la plupart, venus jauger le terrain. Se faire, par exemple, une idée sur les prix des voitures. Si ceux-ci montent, ils proposent à la vente leurs véhicules. Les habitués du marché connaissent toutes les ficelles de ce créneau. Ils en ont fait un commerce juteux. Quelqu'un nous dira que pour trouver une place dans le marché, il faut se lever tôt. En effet, dès l'aube, débarquent les premiers véhicules. A notre arrivée sur les lieux, il ne restait plus de places. Il fallait attendre la sortie des voitures vendues ou sur le point de l'être. Les droits d'entrée varient selon le type de véhicules. Nous remarquons que le préposé au guichet dispose de billets de 300, 500 et 700 DA. « Quels sont les droits d'entrée ? », demandons-nous à un chauffeur de camion. Il nous répond que pour son type de véhicule lourd, il a payé 1 200 DA. La place du marché s'étend sur au moins 6 ha. Le devant de la scène est réservé aux véhicules de tourisme. Il y en a de toutes les marques : Peugeot, Renauld, Citroën, Fiat, Mercedes, et certaines marques asiatiques. En somme, le futur acquéreur n'a que l'embarras du choix. Toutefois, il faut faire attention à l'arnaque, car les apparences sont souvent trompeuses, comme dit l'adage. Combien d'acheteurs ont réalisé, après coup, qu'ils ont été dupés. « Il est préférable, nous dira quelqu'un, de s'adresser à une connaissance pour acquérir un véhicule ». Au niveau de Bir Ouanès, le visiteur découvre la multitude de véhicules immatriculés dans toutes les wilayas et, il y en a même qui portent l'immatriculation française. Pour se permettre une belle voiture, il faut ouvrir grandement le portefeuille. Aujourd'hui, la plus petite et la plus vieille voiture a la cote. Les plus grosses méritent leur « pesant d'or ». Mais Aïn Ouanès n'est pas uniquement consacré aux voitures. Tout au fond, se tient le marché aux pièces de rechange ; accessoires neufs ou d'occasion sont proposés aux clients. D'ailleurs, nombreux sont les visiteurs qui s'y rendent pour trouver la pièce qui manque à leurs véhicules. Toujours au fond, on y trouve des articles électroménagers : robots, pétrins, aspirateurs et tout ce dont a besoin la ménagère. Et ce n'est pas fini : à gauche, des stands de prêt-à-porter : pantalons, chemises et autres vêtements ; partout des griffes chinoises ou européennes sont exposés. Restaurants ambulants, herboristes et « guérisseurs » clôturent ce marché où tout se vent et s'achète. Bien avant la prière du vendredi, le souk aux voitures se videra de sa « substance humaine », et il ne restera plus qu'une place vide, sans âme. Justement, malgré l'apport substantiel que procure l'adjudication de ce marché, la municipalité de Aïn Beïda n'a pas joué le jeu, en y aménageant des passages goudronnés, des urinoirs et autres commodités comme pour tout lieu public digne de ce nom.