A l'heure où le ministère de l'éducation s'échine à ouvrir des chantiers interminables pour la réforme du système éducatif, des établissements scolaires continuent de payer la taxe de la marginalisation. Dans la wilaya de Constantine, il suffit de faire le tour des écoles primaires dans les contrées éloignées de Messaoud Boudjeriou, Aïn Abid, Ibn Ziad ou Béni Hmidène, pour se rendre compte que l'enseignement n'a pas dépassé le stade de l'époque coloniale. A ce niveau, les élèves des douars et des mechtas isolées, sont pénalisés, aussi bien que leurs instituteurs, d'ailleurs. Plus d'une trentaine parmi ces derniers, tous vacataires, sont sans salaires depuis le mois de septembre, sachant que chacun d'eux doit dépenser plus de 4 000 DA uniquement pour le transport, dans le cas où les moyens de locomotion existent, car la plupart de ces lieux ne sont desservis que grâce aux « fraudeurs ». Pour les vacataires, qui se battent depuis des années pour leur intégration définitive, la situation est devenue insupportable d'autant que les besoins en la matière augmentent chaque année. « Plusieurs classes dans les écoles primaires n'ont pas d'enseignants de français et de mathématiques, et les postes sont disponibles, mais la tutelle ne veut pas reconnaître notre droit à l'intégration après des années de sacrifices », martèle un groupe de vacataires, qui dénonce toujours le parti pris de la direction de l'éducation lors des concours de recrutement, où des dépassements ont été constatés lors de l'épreuve du test oral. « Des enseignants sans salaires depuis huit mois se débrouillent chaque jour pour parcourir des dizaines de kilomètres en bus, en taxi et souvent à pied, afin d'aller enseigner dans des écoles primaires, où ils seront même interdits d'accès aux cantines scolaires », s'indigne une enseignante. Une situation qui renseigne sur le mépris affiché par un corps appelé à accomplir la lourde mission éducative, mais qui se retrouve finalement en queue de peloton.