Les procès se suivent et se ressemblent pour les rares voix discordantes. En effet, après le député indépendant sortant, Mohamed Meddah-Arraibi, qui a été condamné à des peines de prison ferme, c'est au tour du président de la coordination des cités en préfabriqué, Mohamed Yacoubi, de faire l'objet de poursuites judiciaires. Il comparaîtra le 20 avril prochain pour « diffamation et atteinte à la considération d'un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions ». Mais qui est ce fonctionnaire ? Dans la convocation adressée au mis en cause par le tribunal de Chlef, le 23 février dernier, il n'est précisé ni la qualité ni l'identité du plaignant. Toutefois, selon M. Yacoubi, les poursuites émanent du wali de Chlef, dans la mesure où, dit-il, « j'ai été entendu à plusieurs reprises par la police après mes déclarations dans la presse sur les conditions de précarité dont souffrent les 20 000 familles occupant des habitations en préfabriqué depuis le séisme d'octobre 1980 ». Et ce n'est pas tout, en décembre dernier, il a été une nouvelle fois entendu par les mêmes services pour « usurpation de fonctions », sur plainte du même responsable, nous dira-t-il. Sur ce point, le président de la coordination des cités en préfabriqué tient à préciser, documents à l'appui, que sa désignation en tant que tel s'est effectuée sur la base d'une procédure normale et conforme aux lois régissant les associations. Il nous montre l'arrêté n°668 du 13 juin 2004 signé par le wali de Chlef et la correspondance n°097 du 4 février 2004 émanant de la Drag, par lesquels Mohamed Yacoubi est désigné pour faire partie, respectivement, de la commission de suivi des étapes de remplacement des logements en préfabriqué et celle d'attribution des logements sociaux au niveau de la commune de Chlef. Il fera savoir que ses déboires avec l'administration ont commencé après ses déclarations à la presse sur la détresse des sinistrés d'El Asnam. « Pourtant, je n'ai fait qu'exprimer les préoccupations légitimes des populations concernées, surtout après l'annulation inexpliquée du soutien financier contenu dans la loi de finances 2007, lequel était destiné pour la réhabilitation ou le remplacement de ce type de constructions précaires », soutient-il. Selon M. Yacoubi, les deux communiqués rendus publics dans ce sens le 2 septembre et le 6 octobre 2007, sous les n°4 et 6, n'ont pas été du goût du premier responsable de la wilaya. « Dans ces documents, nous avons dénoncé les atteintes au foncier agricole et annoncé une série d'actions pacifiques au cas où nos doléances ne seraient pas satisfaites. Cependant, aucune de ces actions, comme le sit-in ou le boycott de la rentrée scolaire, n'a été mise en application par la coordination. » Toujours est-il que ces nouvelles poursuites viennent confirmer les risques qu'encourent les acteurs de la société civile qui osent défendre les problèmes cruciaux que vivent les citoyens de cette wilaya martyre. Le député sortant Meddah-Arraibi en sait quelque chose pour avoir été déjà condamné en première instance, il y a quelques semaines, à des peines de 9, 8 et 6 mois de prison ferme et 6 mois avec sursis pour ses déclarations sur le même objet durant son mandat.