La Chine s'est engagée à construire un institut supérieur des grands projets à Alger. Manière de combler le déficit en main-d'œuvre qualifiée locale. Les entrepreneurs chinois, impliqués dans plusieurs chantiers, ont trouvé des difficultés à combler des postes pour des métiers parfois simples dans le domaine du bâtiment. Un groupe de 70 ingénieurs algériens est déjà à Pékin pour une formation courte devant leur permettre d'enseigner dans le futur institut qui sera construit par le groupe Citic-Crcc au niveau de la nouvelle ville de Sidi Abdallah. Le coût du projet est de 10 millions d'euros. L'accord a, selon l'APS, été signé hier à Alger par le secrétaire général du ministère des Travaux publics, Mohamed Bouchama, et le responsable du Citic-Crcc, chargé de suivre la réalisation du tronçon centre et ouest de l'autoroute Est-Ouest, M. Chang Zhenming. La date du lancement du projet d'institut n'est toujours pas précisée. Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, avait déclaré samedi, cité par l'APS, que le futur établissement universitaire aura « une dimension internationale » puisqu'il sera ouvert aux étudiants africains. Selon lui, l'institut devra employer 900 universitaires à répartir sur 24 groupes de recherche. L'aménagement des routes et la gestion des infrastructures portuaires et aéroportuaires seront quelques-unes des filières enseignées dans le futur institut. La mise en valeur du volet formation est une idée des entreprises chinoises acceptée par les autorités algériennes. Cela montre, si besoin est, les limites du système de la formation professionnelle algérien incapable de prendre en charge certains métiers. Le groupe mixte chinois Citic-Crcc réalise 528 km du projet autoroutier pour un montant dépassant les 4 milliards de dollars. Il s'agit du tronçon qui va de Bordj Bou Arréridj, à l'Est, aux frontières avec le Maroc. Le groupe Citic-Crcc a réalisé, pour un coût de 2,6 milliards de dollars, le nouvel aéroport international d'Alger. Autre accord signé hier a trait à une prochaine visite d'experts chinois pour étudier le projet de réalisation d'un opéra à Alger. Le lieu où cet opéra, le premier du genre, sera installé demeure inconnu dans une ville qui souffre d'un manque évident d'assiettes foncières. Un protocole d'accord économique et technique a également été signé en présence du numéro 2 du ministère chinois du Commerce, Wel Jianguo. Parallèlement à cela, Li Changchun, membre du comité permanent du bureau politique du comité central du Parti communiste chinois est à Alger à l'invitation du secrétaire général du FLN et chef du gouvernement. Li Changchun a été reçu hier en audience au Palais du gouvernement par Abdelaziz Belkhadem. « Les relations d'amitié et de coopération entre l'Algérie et la Chine remontent aux années 1950, où la Chine a soutenu, sur le plan politique, économique et militaire, l'Algérie dans sa guerre de libération contre la colonisation. Peu après la fondation du gouvernement provisoire algérien en septembre 1958, la Chine était le premier pays hors du monde arabe à le reconnaître officiellement », a rappelé hier l'agence chinoise Xinhua. Le 20 décembre prochain, les relations diplomatiques entre l'Algérie et la Chine auront 50 ans. Les Chinois gardent toujours en souvenir le soutien de l'Algérie pour le rétablissement du siège de la Chine au sein des Nations unies dans les années 1970. Les deux pays sont liés par la Déclaration sur les relations de coopération stratégique bilatérales signée en 2006 à Pékin lors de la visite du président Abdelaziz Bouteflika. Le chef de l'Etat algérien a participé, à la faveur de cette visite, au Forum de coopération Chine-Afrique. En 2004, lors de la venue du président chinois Hu Jintao, Alger et Pékin ont signé un accord stratégique dans le domaine de l'énergie englobant tous les aspects de la coopération allant de l'exploration des sites à la commercialisation des produits. Une année auparavant, Sonatrach et la compagnie nationale pétrolière de Chine (CNPC) avaient établi un partenariat pour des projets communs dans les secteurs gazier et pétrochimique. L'accord porte également sur des projets à développer à l'extérieur, hors Algérie et hors Chine. Les échanges commerciaux entre l'Algérie et la Chine sont en nette hausse pour atteindre la fin 2007 les 4 milliards de dollars. Les exportations de l'Algérie vers la Chine ont augmenté de sept fois en une année. Elles sont estimées, en valeur, à 1,2 milliard de dollars pour 2007. Mais c'est la Chine qui tire son épingle du jeu puisqu'elle exporte vers l'Algérie l'équivalent de 2,7 milliards de dollars. Des importations en hausse également : autour des 40%. En 2007, la Chine a accordé 14 000 visas aux Algériens. Il s'agit, pour la plupart de ceux qui participent à la fameuse double foire de Canton (Guangzhou) dans le sud du pays. La circulation des personnes devra s'améliorer avec l'ouverture prochaine par Air Algérie d'une ligne aérienne Alger-Pékin- Shangai. Les Iraniens souhaitent que cette liaison fasse escale à Téhéran. Une compagnie aérienne chinoise étudie également la possibilité d'ouvrir une ligne avec Alger. Une quarantaine d'entreprises chinoises activent actuellement en Algérie. Les statistiques sur le nombre des ressortissants chinois en Algérie demeurent, elles, variables : de 18 000 à 100 000 personnes.