Réalisé pour le compte de l'ENTV par Belkacem Haouchine, le film sur Ahmed Francis (1910-1968) est d'abord intéressant dans la mesure où cette personnalité du mouvement national reste relativement méconnue. Le film devait être diffusé sur la chaîne satellitaire algérienne mardi soir. Juste avant, une projection en première a été programmée à la station régionale de la Télévision algérienne. « Une version doublée en arabe est en préparation pour une diffusion sur la chaîne terrestre », assure le réalisateur qui inscrit cette nouvelle production dans une série intitulée « Histoire et mémoire, des hommes et des souvenirs ». Le documentaire qui revient sur la vie de l'homme pêche cependant par la pauvreté des témoignages qui auraient pu donner plusieurs éclairages pour mieux cerner sa personnalité et le rôle qu'il a eu à jouer durant le mouvement national et pendant la Révolution. Issu d'une famille aisée de Relizane, médecin de formation, diplômé à Paris après des études primaires à Relizane puis au lycée à Oran où il a décroché son bac, Ahmed Francis a été sensibilisé très tôt sur la condition de son peuple sous la colonisation. Son militantisme aux côtés de Boumendjel et de Ferhat Abbès remonte au début des années 1930. Il a été élu député en 1946 sur la liste de l'UDMA avant d'intégrer le FLN en 1955 et de faire partie plus tard de la délégation qui devait mener les négociations à Evian. Hormis les membres de sa famille, le documentaire est axé essentiellement sur le témoignage de Mohamed Bedjaoui. Celui-ci rappelle la pertinence de ses analyses politiques et le rôle qu'il a joué à l'Assemblée algérienne au temps de la colonisation. « Ce n'était pas un homme public, dans le sens où il n'était pas un orateur qui savait séduire les foules, mais quand quelqu'un est en face de lui, il savait argumenter et convaincre », se souvient par ailleurs l'ancien ministre des Affaires étrangères qui évoque également la générosité de l'homme. « Au GPRA, nous menions une vie très modeste, mais lui refusait même de percevoir un salaire et c'était son frère qui lui envoyait de l'argent en plus de tous ses appartements (en Suisse et en Egypte) qui restaient ouverts à tout le monde », affirme M. Bedjaoui qui n'a pas tari d'éloges sur ce personnage qui est resté fidèle à ses principes au point d'être solidaire (c'est dit dans le film) de son ami Ferhat Abbès, lorsque, à l'aube de l'indépendance, le premier président de l'Assemblée constituante devait démissionner de son poste à cause d'un conflit, un sujet qui n'est pas traité dans ce film. Cette sorte de panégyrique n'aurait pas dû également, le sujet étant d'abord historique, mettre au second plan ou évoquer très superficiellement les jonctions entre les autres acteurs avec qui il était en contact et cela, pour mieux situer les choses dans leur contexte réel. « J'avais prévu des entretiens avec notamment MM. Mehri et Reda Malek, mais cela ne s'est pas fait pour des considérations de calendrier. Quant à M. Bedjaoui, j'avais proposé un entretien à distance avec lui, en confiant les questions à un collaborateur à Paris pour ensuite récupérer les images. Mais après avoir discuté au téléphone, ce dernier m'a dit : Si c'est pour parler de M. Francis, il n'est pas question que cela se fasse en France, et c'est ainsi qu'on a fixé un rendez-vous à Alger », atteste le réalisateur en marge de la cérémonie de projection pour revenir aux conditions de tournage.