Inscrits au titre de bénéficiaires des dispositions du Plan national d'appui au développement agricole (PNDA), de jeunes investisseurs des wilayas de Annaba et d'El Tarf n'arrivent pas, depuis des années et malgré des démarches et des promesses, à disposer du matériel que l'Etat leur a promis, via la banque Leasing Es Salem. D'où cette colère difficilement contenue de plusieurs d'entre eux, filles et garçons, apparemment découragés par l'indifférence des autorités locales et nationales. Les représentants des collecteurs ou transformateurs de lait, des éleveurs de dinde, des agents d'entretien, de maintenance, des cadres de l'hygiène et de la désinfection, des motoculteurs... ont saisi les institutions de la République à l'effet d'attirer leur attention sur ce qu'ils qualifient d'« arnaque » dont ils sont victimes. Dès le début de l'année 2002, l'agrément de leurs activités en poche, tous avaient investi les maigres économies de leurs parents. Ils étaient certains que l'Etat respecterait ses engagements en dégageant l'apport financier sans intérêt prévu dans le cahier des charges qui leur avait été remis. « En 2002, décisions d'inscription et cahier des charges PNDA en main, nous avons entamé notre installation en louant des locaux avec des moyens financiers que nous sommes arrivés à avoir difficilement . Les dispositions du cahier des charges PNDA prévoyant une aide d'une valeur de 0,5 à 2,5 millions de dinars, selon l'importance de l'investissement pour l'acquisition des équipements, nous avons espéré en disposer rapidement. Apparemment, ce n'est rien d'autre qu'une arnaque », ont déclaré ces jeunes représentants à leur arrivée à notre rédaction. Un doigt accusateur est directement pointé vers les responsables d'Es Salem, qui, selon eux, les auraient gavés de promesses sans lendemain. « A chacun de nos contacts, c'est une déclaration différente par rapport à la précédente qu'on nous fait. Initialement, la livraison de notre matériel ne posait aucun problème. Elle devait intervenir quelques jours à peine après notre communication téléphonique en 2002. Par la suite, c'est autre chose. Certains parmi nous avaient réceptionné des tracteurs avec des moteurs défectueux à un prix plus cher que celui appliqué sur le marché. Bien qu'il s'agisse de nos crédits, on nous impose d'acheter des équipements défectueux à des prix excessivement élevés. Qui donc profite de cette situation ? », se sont-ils interrogés. C'est sur la base de ces mêmes promesses que plusieurs jeunes investisseurs avaient contacté les éleveurs pour l'établissement de convention nécessaire à la collecte du lait. Ces jeunes collecteurs avaient compté sur la livraison rapide des véhicules citernes promis par Es Salem. Comme pour les autres, il n'en sera rien. Sur la question, ils ont affirmé : « Sur le cahier des charges signé, le véhicule citerne devait nous être livré au prix de 1,15 million de dinars. Or, le même véhicule est cédé sur le marché 900 000, 00 DA. Nous étions uniquement obnubilés par le respect des dispositions de nos conventions avec les éleveurs. C'est pourquoi, nous attendions cette livraison annoncée par Es Salem via la DSA ? Le fax portait sur la disponibilité de 500 de ce type de véhicules ». Contacté, M. Amamra, directeur général de Es Salem, a une autre vision du dossier. Il a précisé : « Pris en charge par notre banque, ce programme ne peut pas suffire pour satisfaire en même temps tous les jeunes investisseurs. A titre indicatif, sur les 5859 demandeurs inscrits 2359 ont été satisfaits et 1400 autres le seront courant 2005. Tout récemment, une vingtaine d'entre eux de la région de Guelma ont pris possession de leur matériel, le reste viendra. En ce qui concerne le prix des camions-citernes (Pic Up) destinés aux collecteurs de lait, il faut savoir que l'évaluation est établie par une commission de marché installée au niveau de chaque DSA de wilaya. En tout état de cause, ceux qui n'ont toujours pas été satisfaits dans les 48 wilayas le seront en totalité en fonction des moyens dont disposent notre banque. » Cet autre engagement ne semble pas être pris au sérieux par les jeunes investisseurs. « Si d'ici le 20 décembre 2004, notre problème n'est pas résolu, nous entamerons une procédure judiciaire contre la banque Es Salem », ont t-il déclaré en guise d'ultimatum, tout en précisant qu'ils se sont organisés en association pour défendre leurs droits.