Metteur en scène et auteur, Abdelkader Ould Abderrahmane, dit Abderrahmane Kaki, est l'une des grandes figures du théâtre algérien des années soixante et soixante-dix. Né le 18 février 1934, à Mostaganem, il sera très tôt marqué par la diversité de la culture et du patrimoine de sa région. Il fait ses classes dans le théâtre amateur, devient instructeur d'art dramatique et fonde sa propre troupe en 1958. A cette époque, il adapte et met en scène Plaute, Carlo Gozzi, Eugène Ionesco et Samuel Beckett, avant de monter Avant-théâtre qui regroupe trois de ses propres textes. Egalement administrateur de théâtre et directeur de troupe, il s'illustre, entre 1962 et 1977, avec une dizaine de pièces. 132 'am (132 ans) en 1962, Ifrikya qabla I (Afrique avant I) en 1963, et la reprise de Diwan el Garagouz en 1965, sont de grands succès. Fin connaisseur des travaux de Stanislavski, Craig, Meyerhold, Piscator et Brecht, tout en se cherchant une voie esthétique, Abderrahmane Kaki se préoccupe de langue, de travail d'acteur, de décor, de lumière, de musique et de rythme. Engagé, didactique, son théâtre se nourrit aux sources d'un riche patrimoine oral. Il sera ainsi le premier à investir les ressources de la forme traditionnelle de la halqa (ronde) et du meddah (conteur) avec El Guerrâb ouas-Sâlihîn (Le Porteur d'eau et les trois marabouts) en 1966 et une comédie satirique, Koul ouahad ou hakmou (A chacun son jugement) en 1967. Celui qui est considéré comme l'un des pères du théâtre maghrébin contemporain, a vu son travail et ses recherches distingués à Tunis, Le Caire et Berlin. Longtemps immobilisé par un grave accident de voiture dont il fut victime en 1969, Abderrahmane Kaki s'éteindra le 14 février 1995 à Oran.