Adoptée par le Parlement depuis 2002 et signée par le président Abdelaziz Bouteflika, la loi portant la protection des personnes handicapées reste à ce jour amputée de textes d'application. C'est le constat désolant qui se dégage de la conférence animée hier au siège de la cour d'Alger par M. Benchikh, conseiller près la chambre administrative de la cour d'Alger, à l'occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, célébrée le 14 mars. Les textes d'application, sans lesquels la loi 02-09 du 8 mai 2002 devient un trompe-l'œil, attendent un geste de bonne volonté de la part notamment des ministres de la Solidarité nationale et celui de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès et Amar Tou. Les handicapés peuvent prendre leur mal en patience. Pourtant, la loi prévoit un chapelet de mesures portant sur la protection et l'épanouissement de cette catégorie sociale dont le nombre dépasse les trois millions de personnes. Le conférencier a cité l'article 3 de ladite loi qui garantit la scolarisation et la formation professionnelle en faveur des enfants et des adolescents handicapés. En cas de nécessité, des classes spéciales seront installées au sein des établissements scolaires, de formation professionnelle et hospitaliers au profit des enfants handicapés. Sur le plan social, une aide financière de l'ordre de 3000 DA est attribuée aux personnes handicapées ou leurs familles dépourvues de revenus. M. Benchikh, interpellé par des responsables d'association qui étaient présents à la conférence, a admis que cette pension reste presque insignifiante, notamment pour des pères de famille handicapés ayant à leur charge des enfants scolarisés. Un responsable de l'association El Amel de Kheraïssia a avoué que des centaines de handicapés attendent en vain les délibérations de la commission médicale nationale siégeant au ministère de la Solidarité nationale pour qu'ils puissent bénéficier de cette pension. En matière de services, le conseiller à la chambre administrative de la cour d'Alger a ajouté que cette loi stipule la gratuité ou la réduction des tarifs de transport, tout en veillant à faciliter le déplacement des personnes handicapées sur les lieux publics. Pour l'habitat, le texte privilégie les personnes handicapées pour l'occupation des rez-de-chaussée du bâtiment, en plus d'une réduction sur les prix d'acquisition de logement ou de location. Objection ! Une dame, au nom d'une association à Bordj El Kiffan, affirme que des personnes handicapées sont logées au 7e étage, alors que des transporteurs refusent de prendre des écoliers avec des chaises roulantes. La dame tire crûment sur Djamel Ould Abbès qui « ne tient pas ses promesses ». Mêlant déception et colère, un responsable d'une association des aveugles de Hussein Dey lui emboîte le pas : « Depuis trois ans, on sollicite Djamel Ould Abbès pour l'acquisition d'une ambulance au profit des personnes âgées aveugles. Peine perdue. » Un juge a suggéré à l'ensemble des associations la création d'une association nationale en charge de la personne handicapée.