Viendra, viendra pas. La rue de Damas multipliait les pronostics autour des chefs d'Etat et de souverains présents et des absents au sommet qu'accueille sa ville. « Au début, on ne faisait pas attention, mais les médias étrangers ont tellement mis l'accent sur l'enjeu des boycottages que nous nous sommes mis dans le bain », explique Thamer, journaliste à la radio. « Ceux qui nous refusent de soutenir le travail en commun de la Ligue arabe font le jeu des Américains et des Israéliens », ajoute un collègue à Thamer, Ahmad, qui a fait ses études de sciences politiques en France. « Et croyez-moi, je ne reproduis pas la propagande. C'est très réaliste ce que j'avance », dit-il s'inquiétant que les désaccords interarabes menacent de fragiliser le « front prioritaire » contre Israël. Dans un café près du quartier Hasba, dynamique en commerce au centre de Damas, deux jeunes étudiants devisent sur l'actualité que fait le sommet. « A part les routes interdites à la circulation sur l'axe vers l'aéroport (près du Palais des congrès où se déroule le sommet) et les rues de plus en plus vides, je ne vois pas ce que ce sommet change ici », lâche l'un d'eux. Les barrages des forces de police, de motards, de militaires et de taciturnes agents en civil, reconnaissables à leur costumes noir et badge rouge, contrôlent toutes les sorties et bretelles de l'autoroute vers l'aéroport. Autoroute hermétiquement fermée hier, jusque tard le soir. Les vols de l'aéroport de Damas ont été transférés à Alep (nord) du 28 au 30 mars. Depuis, l'ouverture du sommet arabe hier, plusieurs artères principales de Damas ont été interdites au stationnement. Les hôtels, pris d'assaut pas des centaines de reporters et d'équipes techniques des médias du monde entier – avec une forte participation égyptienne – ont dû annuler leurs réservations depuis le 1er mars. « Peu de monde dans les rues, les gens fuient à la campagne les contraintes de ce sommet », dit le taxi qui traverse un Damas somnolant à minuit – les taxis et les minibus assurent une petite ambiance nocturne – où le sommet se déploie en affiches et posters modestes, rappelant tout le bien du 20e sommet arabe.