Il a fallu qu'il y ait mort d'homme pour que les autorités se décident enfin à réagir en obligeant une cinquantaine de propriétaires de bus Tata à se conformer à la loi. Un délai d'un mois leur a été accordé pour se mettre au diapason des mesures retenues en matière de transport public. Cependant, ni la direction des transports de la wilaya, ni les responsables locaux n'ont pu, depuis une décennie maintenant, faire appliquer la loi dans toute sa rigueur. Il est vrai, et la presse locale en a largement fait écho, qu'une faction d'intouchables s'est accaparée de ce secteur, imposant aux usagers, en guise de bus, des tas de ferraille tout déglingués, qui déboulent en trombe dans nos rues, y causant des drames. Sinon comment expliquer alors cette incapacité des responsables du secteur à enlever l'agrément à ces propriétaires, et mettre fin à cette hécatombe, sachant que ceux-ci ont plein pouvoir de retirer de la circulation, par la loi, ces tacots d'un autre âge ? Désabusés, les citoyens sont condamnés à vivre le calvaire, ils ont peur et sont même « tatanisés ». Cette situation malheureuse indique, outre les manquements aux règles et à la loi, la démission des parents, qui laissent leurs enfants traîner seuls et à longueur de journée dans les rues, sans se soucier aucunement des dangers que leur progéniture encourt. Les tronçons de cette accablante déroute sont d'autant plus confortés que des stations de bus sont anarchiquement érigées devant une école, au beau milieu d'un rond-point, en face d'une clinique ... L'on avancerait d'un pas plus sûr, s'il n'y avait pas ces trous, ces nids de poules, ces crevasses, l'état délabré des routes, en plus d'un équipement de signalisation en piteux état. D'aucuns diront : les dos d'ânes sont dans nos têtes et nous causent de graves collisions, nous conduisons sans voir, nos consciences vrombissent et cela fait un grand bouchon ! Il n'est donc pas de jour sans charrier son lot de malheurs et de douleur, le deuil est sur nous, omniprésent, il nous guette à chaque coin de rue ; et, plus pernicieux encore, il va nous chercher à même les trottoirs, aux abords des écoles, et, à ce rythme, il risque même de monter les étages pour nous exécuter ! Devrions-nous alors continuer à tenir la comptabilité macabre de nos morts, sommes-nous contraints de le faire ?