Connaître les gènes de poissons permettra de mieux gérer les stocks. Après la sardine, d'autres études pourraient suivre sur les espèces aquacoles. D'où viennent les sardines des eaux algériennes ? Les poissons des différents stocks sont-ils parents ? A l'Institut national des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral (Ismal), Imen Amar, enseignante-chercheur en génétique humaine et une équipe de chercheurs ont lancé, en juillet 2007, une nouvelle activité de recherche en génétique des poissons. Le laboratoire pêche et aquaculture n'est pas encore officiellement créé mais les travaux ont commencé. Une première en Algérie. Ils portent sur l'ADN de la Sardinella aurita (une sardine). De quoi s'agit-il exactement ? La génétique des populations s'intéresse à l'évolution dans le temps, et à la distribution dans l'espace, des ressources en mer ainsi qu'aux facteurs biologiques qui les conditionnent. Elle analyse également les gènes transmis par les individus. Des travaux d'un grand intérêt… économique, en particulier sur la gestion des stocks. « Pour estimer la taille d'une population de poissons, il faut d'abord connaître le nombre de stocks qui la constituent, explique Imen Amar. La reconstitution d'un stock nécessite non seulement que des individus (survivants ou immigrants) soient présents dans la région devenue vide, mais aussi que ces individus transmettent leurs gènes dans cette région. En d'autres termes, la connaissance des mouvements des gènes, autant que celle des individus, permet de comprendre comment les stocks sont interconnectés. La distribution géographique des molécules porte en elle la signature de certains événements qui ont marqué les populations. » Les premières applications de la génétique des populations aux problèmes de la gestion des stocks n'ont été réalisées qu'au cours des années1950-1960, car la génétique des populations n'est véritablement sortie de ses modèles privilégiés — souris, animaux d'élevage — qu'à cette époque. Mais les scientifiques s'en servent aussi en taxinomie pour étudier dans les détails les différences entre les espèces dont les caractéristiques morphologiques sont proches. « Aucune étude de génétique des poissons n'a été faite jusqu'à maintenant en Algérie, faute de moyens, précise-t-elle. J'ai débuté en mettant au point le protocole d'extraction de l'ADN — au phénol-chloroforme (extraction à partir du foie) — pour d'éventuelles études de différenciations génétiques qui pourraient compléter les travaux halieutiques. » Le laboratoire s'intéresse pour l'instant essentiellement aux petits pélagiques (voir encadré), du fait qu'ils constituent la quasi-totalité de la production en Algérie, mais à terme, l'enseignante-chercheur aimerait étendre les études génétiques aux poissons aquacoles.