Le pacte de Chtaïbo n'a pas eu lieu. Le regroupement du FLN organisé jeudi après-midi, dans une salle des fêtes située derrière une station service, à l'entrée de ce quartier périphérique, n'a pas permis, comme annoncé auparavant, la désignation définitive de la commission qui devra superviser les préparatifs du 8e congrès. Pourtant annoncé, El Hadi Khaldi, ministre de la Formation professionnelle, n'a pas pu présider cette rencontre attendue par l'ensemble des militants. Dans la salle, l'ambiance était particulièrement tendue. Aucune personnalité locale n'a pu prendre la responsabilité de monter sur l'estrade pour diriger des débats qui n'ont finalement pas eu lieu. Ceux qui sont intervenus l'ont fait pour appeler au calme et à l'unité. « Je ne suis pas venu avec une liste », se défendait Khadra Brahma Djelloul, ancien mouhafedh, accusé, ici, d'avoir comploté pour faire passer son équipe, celle qui l'a soutenu lorsqu'il a dissous l'ancien bureau local pour permettre l'installation de membres favorables à la candidature de Ali Benflis, il y a un peu plus d'une année. D'ailleurs, encore une fois, ses « amis » ont scandé son nom à l'issue de la rencontre. Personnalité toujours influente au sein du parti, il n'a effectivement accepté aucune liste. Les membres de la coordination des comités de soutien au programme du président de la République étaient venus en force dans l'espoir d'imposer, au sein de la commission, au moins quatre des cadres locaux du FLN acquis à leur cause. Ils repartiront bredouilles. « C'est l'urne qui va trancher », leur a rétorqué Khadra Brahma Djelloul qui, dans la conformité avec la dernière instruction des instances centrales du parti, a mis les différentes ailes du camp des redresseurs dos à dos. La dernière instruction prévoit des quotas de représentation répartis entre les élus, les anciens membres du bureau, les membres du comité central (ne figurant pas dans le bureau national), les anciens du parti et, enfin, les redresseurs. Si les trois premières catégories sont identifiables, il n'en est pas de même des deux dernières. D'où l'appel à la tenue d'élections auxquelles devraient participer toutes les structures de base du parti. L'impasse pour une place ? A Oran, le camp des redresseurs, « vainqueur » des dernières élections présidentielles, est en proie à un conflit interne qui empêche toute possibilité de règlement de la crise. Certains militants redresseurs de la première heure (comme M. Bellabes de la kasma 7), qui étaient, hier, les ennemis jurés de K. B. Djelloul, avant que celui-ci ne finisse par rallier leur cause, tentent, aujourd'hui, de gagner ses faveurs en espérant une petite place dans cette commission de toutes les convoitises. Seul récalcitrant, le colonel Abid ne croit pas à l'unité des rangs. Mais, sans la représentation des redresseurs, la commission n'a aucun avenir. Son installation ne cesse d'être retardée. M. Laoufi, la deuxième et dernière personnalité à qui on a accordé la possibilité d'intervenir jeudi, n'a pas ajouté de l'eau au moulin du FLN. Il s'est contenté de lire solennellement l'instruction portant sur les conditions d'installation de la commission de wilaya. En fait, il a quand même rappelé la gravité de la situation en déclarant : « le FLN se trouve dans un croisement. » Ce qui sous-entend que toutes les solutions, y compris la dissolution, sont envisageables.