A deux reprises, la veille et le jour même de la rencontre du FLN que devait présider hier après-midi Abderrezak Bouhara dans une salle des fêtes située à Chtaïbo (Nedjma, un quartier périphérique situé au sud de la ville d'Oran), le colonel Abid, qui occupe en ce moment le siège de la mouhafadha, a convoqué deux réunions de ses partisans pour demander notamment l'arbitrage de Abdelaziz Belkhadem. Le conflit vécu par les parties adverses du FLN s'enlise et les personnalités dépêchées d'Alger, du moins celles qui ont accepté de venir affronter le problème, n'ont rien pu faire. L'entêtement des uns et des autres à refuser tout compromis fait durer le suspense. Dans une motion rendue publique à cet effet, le colonel Abid dénonce les rencontres qui se tiennent dans les salles des fêtes en visant nommément l'envoyé d'Alger. Sur les lieux, à Chtaïbo, les militants favorables à la ligne du colonel étaient sur place, mais sans leur chef. Si l'enjeu principal demeure l'installation d'une commission de wilaya chargée des élections à la base, tout porte à croire que ces derniers soient venus pour empêcher justement toute tentative de ce genre et dans laquelle ils ne trouveraient pas leur place. Une initiative consistant à confier cette tâche aux membres du conseil national d'Oran a déjà été tentée, il y a quelques mois, mais elle a échoué. Ni Mahmoud Si Youcef ni l'ancien secrétaire général de l'union de wilaya UGTA et député M. Rais n'ont pu mener ce projet à terme. Quand M. Bouhara s'apprêtait à entrer dans la salle, le nom du colonel a été scandé, donnant ainsi un avant-goût de ce qui allait se dérouler à l'intérieur. Dans un bref discours, l'envoyé de la direction nationale a d'abord parlé de refondation politique et organique du FLN pour ensuite rappeler les grandes lignes du contenu de sa première mission : l'interprétation des résolutions du congrès et la nécessité d'aller aux urnes. Pour cette fois, il a dit qu'il était venu écouter les propositions des militants en leur interdisant toutefois d'insulter autrui, de citer des noms ou de critiquer. Il a réitéré l'avis selon lequel de la réussite à Oran de cette opération dépend toute celle du FLN de toute la région ouest et, peut-être par extension, de tout le pays. Avec des termes à peine voilés, les intervenants n'ont pas été avares de critiques. « La marginalisation des hommes intègres, les tentatives de disperser les rangs » sont des exemples parmi d'autres. Des cadres comme l'ancien mouhafedh Djelloul Brahma ont quitté la salle. D'autres ne semblaient pas intéressés par ce qui se passait à l'intérieur. C'est suffisant pour dire que la solution au problème du FLN est encore loin et c'est l'avis de nombre de militants.