Les prix du pétrole ont amorcé ces trois derniers jours une chute assez forte qui les ramène à des niveaux assez proches de la situation des fondamentaux, et ce, suite à la hausse des stocks pétroliers aux Etats-Unis, au retrait prononcé des spéculateurs et aux assurances données par l'OPEP sur le maintien de sa production lors de sa prochaine réunion le 10 décembre au Caire. La chute de 6 dollars constatée mercredi, jour de la publication des chiffres des stocks, et jeudi, journée où les officiels de l'OPEP ont exclu une réduction de la production, s'est poursuivie hier avec un retrait massif des spéculateurs. A New York, le baril de pétrole, qui était coté mercredi matin à près de 50 dollars, valait environ 42,05 dollars hier matin. A Londres, le baril de brent, qui était coté mercredi matin à presque 46 dollars a chuté hier pour la première fois depuis quatre mois sous le seuil des 39 dollars, à 38,80 dollars. Le marché avait déjà connu un premier recul au mois de novembre après les records du mois d'octobre. En trois semaines, le baril avait perdu 12 dollars, passant de 55 dollars environ à 43 à New York, avant de remonter. Le recul de 12 dollars était survenu après l'amélioration météorologique dans le golfe du Mexique et la reprise de la production sur les plates-formes pétrolières. Mais des facteurs de tension avaient fait remonter les prix. Le mouvement baissier constaté depuis mercredi est dû essentiellement à deux facteurs, selon les analystes du marché. Il y a en premier lieu l'annonce mercredi d'une hausse des stocks pétroliers américains qui étaient supérieurs aux prévisions et principalement les stocks de produits distillés qui comprennent le fioul de chauffage, produit fondamental en hiver comme le gaz naturel, dont les stocks ont aussi augmenté. Cette augmentation des stocks, qui fait reculer les craintes d'approvisionnement, s'accompagne de prévisions météorologiques qui indiquent que l'hiver ne serait pas trop rude. Ces données ont amené les spéculateurs à se retirer du marché. Selon un analyste de chez Seymour Pierce, « ce que nous avons vraiment vu au cours des derniers jours..., c'est un repositionnement brutal des spéculateurs », qui se sont désengagés du marché, a-t-il noté. Ce qui est sûr, c'est que cette chute brutale montre à quel point la spéculation est influente sur les marchés pétroliers vu l'importante baisse des prix constatée en trois jours, près de 15%. Cette donnée conforte l'OPEP dans ses thèses, elle qui a toujours soutenu que la flambée des prix, qui pouvait menacer la croissance, était due essentiellement à la spéculation. Malgré ce mouvement baissier, l'OPEP a maintenu sa politique qui consiste à œuvrer pour la stabilité du marché. Ses différents responsables ont multiplié ces derniers jours les déclarations pour rassurer le marché. Excepté l'Iran, tous les pays membres se sont déjà prononcés pour le maintien actuel du plafond de production avant la conférence extraordinaire qui aura lieu le 10 décembre prochain au Caire. L'OPEP produit déjà environ 28,5 mbj, soit 1,5 mbj de plus que son plafond (non compris l'Irak). Cette position est liée au fait que la demande en hiver s'annonce forte. Même l'Agence d'information sur l'énergie américaine a estimé mercredi que les prix devraient rester élevés pendant l'hiver malgré la pression des stocks américains. A la fin de la cérémonie de signature du contrat de Gassi Touil, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a déclaré que « la plupart des pays membres de l'OPEP sont pour la stabilité du marché et je pense qu'il serait trop prématuré de réduire la production », car, a-t-il soutenu, « nous pensons que la demande va être aussi forte durant le premier trimestre 2005 ».« Actuellement, les prix sont bons », a estimé le ministre, qui a ajouté : « ils sont nettement au-dessus de la fourchette du mécanisme... Quand on arrivera à 30 dollars le baril, on va s'inquiéter. » Le président de l'OPEP, l'Indonésien Purnomo, a exclu jeudi matin une réduction de la production. L'OPEP doit revoir la situation du marché le 16 mars prochain lors de la réunion qu'elle tiendra en Iran. Mais dans une autre déclaration faite hier, le président de l'OPEP a annoncé que la fourchette 22-28 dollars allait être révisée pour être portée à 28-32 dollars environ.