Le visiteur était beaucoup plus encombrant pour les autorités françaises que Moamar Kadhafi. Plus d'une vingtaine de voitures de police, des bus de CRS, des policiers en civil partout, le dispositif de sécurité est impressionnant, digne d'un grand chef d'Etat. Malgré tout cela, la flamme olympique a été éteinte et a pris le bus. Paris. De notre bureau Quatre-vingts sportifs français devaient se relayer pour porter la flamme olympique. Le protocole a été très bousculé. Le relais s'est transformé en une course poursuite pitoyable. Les images de télévision tournent en boucle. Après les incidents de Londres ce week-end, les militants des droits de l'homme ont décidé de passer la vitesse supérieure. Malgré un important dispositif de sécurité, le parcours de la flamme olympique à Paris a été interrompu à plusieurs reprises par des incidents opposant des militants pro-tibétains et des membres de Reporters sans frontières (RSF) aux forces de l'ordre. La torche a été par deux fois mise à l'abri dans un bus de la sécurité, et un temps éteinte, avant d'être rallumée peu après 13h30 et de nouveau confiée à un relayeur. Au départ de la flamme du premier étage de la tour Eiffel, l'athlète Stéphane Diagana, premier des quatre-vingts relayeurs à transporter le symbole olympique, n'a pu courir que quinze mètres avant d'être confronté à un premier incident. Le président des élus Verts au conseil de Paris, Sylvain Garel, a essayé de lui arracher la flamme. Il a été interpellé par « des policiers français et chinois » avant d'être relâché. Sa collègue Mireille Ferri, vice-présidente Verts du conseil régional d'Ile-de-France, a en revanche été arrêtée alors qu'elle se dirigeait vers la tour Eiffel avec un extincteur. Un peu plus loin, au moins quatre personnes, deux militants pro-tibétains et deux membres de RSF, ont été interpellées pour avoir voulu se rapprocher de la flamme. Et une première, la flamme a pris le bus ! Après de nouveaux incidents aux alentours d'Issy-les-Moulineaux, le symbole olympique a été monté à bord d'un bus de la sécurité et éteint pour des raisons techniques, a indiqué la préfecture. Les organisateurs ont ensuite tenté de relancer le cortège, avant qu'il ne soit à nouveau interrompu. Il y a avait plus de policiers au passage de la flamme que de Parisiens, qui ont boudé la manifestation. Des incidents se sont produits sur l'ensemble du parcours prévu par les organisateurs, avant même le passage de la flamme. Des hommes et des femmes tentaient ainsi de s'allonger sur la chaussée mais étaient aussitôt délogés par la police avant l'arrivée du cortège. RSF a également réussi à déployer un de ces drapeaux depuis le premier étage de la tour Eiffel. Les organisateurs ont préféré faire l'impasse sur le parvis de l'Hôtel de ville où le maire de Paris a étendu une banderole rappelant que « Paris soutient les droits de l'homme ». Le calvaire a continué tout au long du parcours. Et c'est, une nouvelle fois, en bus que la flamme a franchi les portes du stade Charléty. Une journée sportive pour les organisateurs. Sans joie ni enthousiasme. Très loin d'être festive, au point que le podium où la flamme devait être remise symboliquement pour son départ vers San Francisco a été placé sous huis clos.