La Cour suprême ukrainienne, annulant hier le résultat de la présidentielle, a ordonné l'organisation d'un nouveau second tour de scrutin, a annoncé le président de la Cour, Anatoli Iarema. « Nous ordonnons à la commission électorale centrale de fixer la date du nouveau second tour » de scrutin, a annoncé le président de la Cour. La Cour a constaté des fraudes et annulé le résultat annoncé par la commission électorale centrale après la présidentielle du 21 novembre, c'est-à-dire la victoire du Premier ministre Viktor Ianoukovitch. De son côté, l'avocat du chef de l'opposition Victor Iouchtchenko a précisé qu'un second tour de scrutin présidentiel doit avoir lieu dans « trois semaines », à partir de demain, en Ukraine, soit le 26 décembre. Il faut dire que toute l'Ukraine attendait la décision de la Cour suprême qui devait se prononcer sur la validité du scrutin de la dernière élection présidentielle qui a vu la victoire contestée du Premier ministre sortant Victor Ianoukovitch. Une contestation qui a conduit les partisans du chef de l'opposition ukrainienne Victor Iouchtchenko à descendre dans les rues de Kiev et assiéger les bâtiments du gouvernement et du Parlement. La présence de médiateurs étrangers, dont le représentant de l'Union européenne Javier Solana, les présidents polonais et lituanien, n'a pas pour autant dénoué la crise politique dans laquelle est entré le pays depuis deux semaines. Médiation et pressions étrangères ont alterné tout au cours des évènements qui ont suivi l'élection pour tenter de faire aboutir cette crise dans un sens ou dans l'autre. Les Américains n'ont pas manqué de menacer de suspendre leur aide annuelle de 200 millions de dollars à Kiev dans le cas où le Premier ministre sortant et contesté venait à être proclamé vainqueur du scrutin. L'enjeu que représente l'Ukraine pour les Américains n'est pas négligeable puisque George. W. Bush s'est cru obligé de préciser dans la foulée du déplacement du président sortant Léonid Koutchma à Moscou, où il a rencontré Vladimir Poutine, qu'une éventuelle nouvelle élection présidentielle « devrait se dérouler en dehors de toute ingérence étrangère ». Le Président américain répondait en quelque sorte à l'accord tacite passé à Moscou, à savoir que l'organisation d'un nouveau second tour de la présidentielle « serait assimilée à un plébiscite illégitime ». Le rappel à l'ordre du chef de la Maison-Blanche s'inscrit en droite ligne de ce que pensait de l'ex-Union soviétique Zbigniew Brzezinsky qui allait définir dans la années 1960 la politique étrangère américaine que « l'empire sans l'Ukraine ne serait plus l'empire ». Partant de là, on comprend la préoccupation de Vladimir Poutine en recevant le Président ukrainien sortant. Le signal qui a alerté George Bush, c'est la résolution du Parlement demandant au président sortant Léonid Koutchma de retirer le contingent ukrainien engagé aux côtés des Américains en Irak. Pour sa part, le chef de l'opposition ukrainienne Viktor Iouchtchenko a accusé les partisans du pouvoir en place de se servir d'une « menace imaginaire » en brandissant le risque d'une partition de l'Ukraine, dans des déclarations publiées vendredi par le Wall Street Journal. « Le régime sortant est en train de menacer l'Europe avec une menace de séparatisme et de dissolution de l'Ukraine. J'affirme en assumant la pleine responsabilité de mes propos : il s'agit d'une menace imaginaire, artificielle. Elle n'existe pas », a-t-il déclaré, se voulant rassurant tant auprès des Occidentaux que des populations ukrainiennes.