Les anciens du groupes Zebda ont su faire leur mue : Mouss & Hakim Amokrane ont monté un groupe : Origines contrôlées, nom d'un album. La « dispersion » du groupe Zebda et le départ de son leader Magyd Cherfi, provoqué par un incident malheureux, n'ont pas empêché les frères toulousains et les musiciens qui les ont rejoints plus tard de revendiquer cette identité beure, oscillant toujours entre les deux rives de la Méditerranée. Même rage revendicatrice et toujours cette envie d'en mettre plein les yeux à un public hexagonal, pas toujours habitué à ces sonorités venues d'ailleurs qui, dans le cadre de l'album, ont été composées sur le sol français entre les années 1940 et 1980 et destinées à un public d'immigrés. « Ce sont des chansons de France », s'est empressé de lancer dès l'abord Mouss qui reprendra avec son frère les 13 chansons de son album. Le concert donné à la salle Ibn Zeydoun à l'Oref par les membres des motivés a su surprendre un public qui appréciera des chansons connues de tous. Des chansons de chez nous revisitées et remixées, au besoin, « là-bas ». Les airs du sud de la France et d'ailleurs se mélangent ainsi à ceux venus d'Algérie, que les pères ne cessaient de chanter à l'usine ou dans cette banlieue désaxée. Ce sont « des bruits et des odeurs » de chez nous que les Amokrane, jeunes d'origine kabyle, prennent à « bras le cœur ». Tout y passe : Slimane Azem, Dahmane El Harrachi, Djamel Allem ou encore cheikh El Hasnaoui avec lequel le groupe a ouvert les « hostilités ». Ces succès de toujours ont été revus et quelque peu « corrigés » : Intess, Gatlato, Azgar, La résidence, ou encore Anfass retrouveront une autre teneur avec le travail intéressé des membres du groupe toulousain, militants à plein temps. Même Aït Menguellet ne leur a pas échappé, sa chanson tirée de ses « années d'or », Theltiyam des années 1970 fut aussi reprise avec un kabyle approximatif mais toujours croustillant. Confinés et méprisés dans des ghettos, les chanteurs de l'exil l'étaient depuis le début. Et ce n'est qu'avec la génération actuelle de chanteurs « sur-révoltés » mais toujours lucides, qu'ils retrouvent les sunlights. En subissant les brimades, les pères, disparus du décor, n'ont jamais été soumis, insiste Mouss. Pour lui, ces produits d'Origines contrôlées, qui se « bonifient » avec le temps, sont accueillis avec un grand empressement par le public, où qu'ils aillent en Europe. Le groupe est très « motivé » et compte ne pas céder. Un autre concert d'Origines contrôlées sera organisé aussi ce soir à la même salle, Ibn Zeydoun.