Pourquoi les autorités algériennes n'autoriseraient pas la mise en place de bureaux locaux au niveau des villes touchées par le phénomène des harraga auxquels sera confié le recensement des disparus et ainsi permettre aux parents de les déclarer ? Annaba : De notre bureau Pourquoi ne pas assister ces parents dans la procédure des tests ADN et les transmettre aux pays d'accueil, notamment l'Italie, l'Espagne, la Tunisie et le Maroc, pour faciliter l'identification des cadavres des harraga ? Une procédure à même de confirmer ou d'infirmer les supputations selon lesquelles de nombreux harraga moisiraient dans les morgues ou croupiraient dans les geôles des pays voisins. Ces interrogations émanant du député Salah Bouchareb sont destinées par un écrit officiel à Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. En déplorant l'absence de statistiques fiables, le député propose cette solution pour dresser un tableau exhaustif sur le nombre de disparus. Ce qui relance encore une fois le débat autour des centaines de harraga disparus dont les parents sont toujours dans l'expectative. Pour eux, l'application de cette procédure pourrait mettre fin à leurs souffrances qui n'ont que trop duré. Leur dernière action, rappelons-le, était à l'adresse de la Ligue des droits de l'homme (LADH). Ils ont remis au professeur Kamel Daoud, membre du comité directeur et représentant régional de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) de la wilaya de Annaba un appel d'intervention et de solidarité. Beaucoup plus un réquisitoire, cet appel avait mis en cause les autorités tunisiennes, notamment en ce qui concerne le sort qu'elles réservent aux jeunes harraga disparus après avoir échoué sur leurs côtes. Dans leur écrit, les familles des disparus avaient fermement accusé les Tunisiens en affirmant : « Nous avons toutes les preuves écrites et enregistrées qui consolident le fondement de nos accusations. Les autorités tunisiennes restent placides sur le sort de nos enfants disparus ou morts sur leur territoire. » Elles ont également fustigé les autorités algériennes qui, selon elles, sont restées indifférentes devant la tragédie qui ronge la jeunesse algérienne. Aussi, elles reprochent aux autorités nationales de ne pas exiger des explications officielles à leurs homologues tunisiennes quant à leur implication dans la mort de quelques harraga sur leur territoire. « Plusieurs parents de disparu se sont déplacés en Tunisie à la recherche de leur progéniture. Munis de photos des disparus, ils sont allés voir dans les différentes prisons. Sous le sceau de l'anonymat, plusieurs gardiens de prison ont confirmé la présence de ces jeunes derrière les barreaux. Cependant, les services de sécurité tunisiens nient leur existence », avait expliqué sur un ton autocratique M. Sabouni, père de Fayçal, un jeune disparu de 28 ans. La lettre remise à la LADDH a été accompagnée d'un volumineux dossier comportant des documents officiels et des comptes rendus qui, selon les parents des disparus, impliquent les autorités tunisiennes dans la mort de plusieurs jeunes, dont Hadef Riad, 32 ans, originaire de Annaba.